L’Interview complète, version française !
La grande interview du géopoliticien Luc MICHEL
par Jan Vanzeebroeck et Samar Radwan (Beyrouth) …
Pour le site arabe 'SITA INSTITUTE'/
2018 03 04/
LA PUBLICATION ORIGINALE EN ARABE :
Partie I
Les « cellules dormantes » djihadistes face au Renseignement européen :
Quelle « lutte anti-terroriste » en Europe de l’Ouest et comment l’OTAN et l’UE ont perdu le jeu « scénario du diable » ?
Sur https://sitainstitute.com/?p=1995
Partie II
Après le « Londonistan » et le « Belgistan » :
L’immigration devenue un enjeu majeur de la politique ouest-européenne
Sur https://sitainstitute.com/?p=2011
Partie III
Les Balkans, ventre mou de l’Europe : le danger à venir des « cellules dormantes balkaniques »
Sur https://sitainstitute.com/?p=2022
# LE GEOPOLITICIEN LUC MICHEL REPOND AUX QUESTIONS DU SITE ARABE SITA INSTITUTE (LIBAN) (*) :
Une interview de Jan VANZEEBROECK (Expert EODE et correspondant de SITA INSTITUTE) et Samar RADWAN (SITA, Beyrouth).
* SITA/ Question :
APRÈS LE PROCES DE SALAH ABDEL SALAM, COMMENT LA BELGIQUE ENVISAGE-T-ELLE LA QUESTION DES «CELLULES TERRORISTES EN SOMMEIL» ?
Luc MICHEL :
Le procès de Salam Abdeslam est un coup pour rien, un procès où l'on a surtout soulevé des arguties judiciaires ; mais c'est aussi comme je l'appelle une « grand messe médiatique » qui est là pour amuser le public, pour créer le mythe de ce « terrorisme incontrôlé » et en même temps pour faire croire que les Etats ouest-européens ou les Etats de l'OTAN le combattent.
Le procès n'a pas donné grand chose, puisque le principal inculpé à choisi de se taire, c'est son droit. Le plus intéressant a été la passe d'armes avec l'avocat de la défense, Me Sven Mary, qui a soulevé effectivement en droit belge des irrégularités pouvant conduire à l'annulation. Il y aura sûrement un grand combat en Cour d'appel et puis surtout en Cour de cassation. Et il y a eu surtout une passe d'armes entre l'avocat et le secrétaire d'Etat à l'intérieur et à l'immigration, qui a reproché à cet avocat de faire son travail en défendant son client.
Plus intéressant était il y a deux ans le procès d'un des grand pourvoyeur des filières djihadistes de l'Union Européenne vers la Syrie et l'Irak, celui de Denis Lejeune dit « le soumi ». Le procès avait été intéressant parce que là les avocats de la défenses avaient soulevé un certain nombre de points importants sur les zones d’ombre de ces dossiers de terrorisme, notamment l'absence parmi les accusés d'agents infiltrés de la Sûreté de l’Etat qui belge, qui portaient une lourde responsabilité dans l'envoi des djihadistes vers le Levant. Il y avait notamment un agent infiltré de la Sûreté de l'Etat, qui n'a pas été cité, qui était couvert, et qui accompagnait à l'aéroport de Zaventem les djihadistes vers la Turquie . L'avocat de la défense avait révélé à ce moment là que cet agent infiltré était aussi la dernière personne qui avait rencontré Mohammed Merah la veille des incidents qui ont conduit à son exécution.
* SITA/ Question :
La QUESTION DU TERRORISME ISLAMISTE EST-ELLE UNE THEMATIQUE RECENTE DANS L’UNION EUROPEENNE ?
Luc MICHEL :
Au milieu de tout ça il y a évidement la différence fondamentale qu'il faut faire entre la guerre américano-occidentale « au terrorisme » et la guerre « contre le terrorisme ». La guerre au terrorisme, elle, a été lancée à l'époque par Bush II, c'est un grand théâtre, une comédie, le but ce n'est pas d'annihiler les terroristes, c'est de les utiliser au service de la grande géopolitique américaine. Le terrorisme est aujourd'hui, voir les cas de la Syrie ou de l'Irak, mais aussi et surtout de l'Afrique, un prétexte à l'ingérence occidentale, à l'ingérence des armées occidentales, à la neutralisation des armée africaines.
Il a derrière tout ça évidemment, en Europe en tout cas, la question de ce qu'on a appelé « les djihadistes venus de l'Union Européenne ». Elle a été soulevée en Syrie en 2013 et 2014. C'est un problème que je connais bien puisque j'ai organisé en juin 2013 la première mission parlementaire venu de l'Union Européenne depuis le début de la Guerre en Syrie, il s’agissait de parlementaires flamands, des parlements régionaux et fédéraux de Belgique. Et nous sommes allés à Damas, voir la question qui commençait à se soulever de ces « djihadistes venus de l'Union Européenne ». On venait d'en arrêter beaucoup lors de la grande bataille de Quseir à la frontière du Liban. On avait aussi à l'époque, on n'en a plus parlé depuis mais c'était un problème bien réel, arrêté des officiers de l'OTAN, notamment belges et néerlandais à Quseir. La presse libanaise en a parlé. Puis plus personne ne sait ce qu’ils sont devenus … En 2013 nous avions donc rencontré les services anti-terroristes syriens et nous avons pu nous entretenir les yeux dans les yeux avec des djihadistes venus de l'Union Européenne précisément, notamment d'Espagne, de France, mais aussi du Caucase russe et d'Ouzbékistan. Lorsque nous sommes revenus en Belgique, nos parlementaires ont notamment donné de grande émissions de télévision, dans les télévisons flamandes et néerlandaises. Ils ont dénoncé ce que nous annoncions, ce que j'annonçais déjà en Juin 2013, c'est-à-dire cette menace de djihadistes venus de l'Union Européenne, pour qui le problème n'était pas qu'ils étaient partis en Syrie ou en Irak pour se battre, mais qu'ils allaient revenir à Bruxelles, à Paris, à Londres ou à Berlin.
Nous avons prêché dans un silence assourdissant et bien entendu rien n'a été fait, à l'époque les services secrets de l'OTAN d'ailleurs collaboraient toujours avec les services secret turcs, américains, qataris et saoudiens, pour précisément l'envois de ces djihadistes en Syrie. J'avais personnellement lors d'une Conférence organisée au Parlement syrien soulevé cette question et j'avais posé la question, j'avais dis que « tout était prêt pour le retour de ces gens et qu'une catastrophe se préparait, que ce n'était pas une question de savoir si elle allait avoir lieu, mais quand elle aurait lieu » … Rien n'a été fait !
Nous sommes retournés une troisième fois en Novembre 2014 à Damas pour la grande Conférence organisé par le Ministère de la justice syrien sur le thème « du terrorisme et de l’extrémisme religieux », ce que les syrien et les iraniens appel le « takfirisme » et que nous appelons d'un terme, qui parfois choque les musulmans mais qui est parlant en Europe , celui de « djihadismes » , terme qui est ici assimilé à ce terrorisme takfiriste. En Novembre 2014, nous sommes à nouveau intervenus, j'ai notamment soulevé à la tribune de cette conférence la question d'un « futur 11 septembre européen » ! C'est ce qui est arrivé beaucoup plus tard en 2015 avec l'affaire Charlie hebdo, les différentes attentats qui ont ensanglanté la Belgique, la France, la Grande-Bretagne puis l'Allemagne. Là aussi nous n'avons pas été écoutés !
Nous avons pu à cette occasion rencontrer les gens du Parquet anti-terroriste de Damas, et c'est quelques chose de totalement dissimulé en Europe, mais l'Etat syrien, c'est un Etat de droit et c'est un Etat extrêmement puissant et structuré. Ce ne sont pas « des milices qui combattent d'autres milices », il y a un Parquet anti-terroriste qui combat le terrorisme sur base des lois anti-terroristes de l'Etat syrien, et dans des procès extrêmement réguliers. Nous avons pu notamment rencontrer une jeune femme exceptionnelle, la jeune procureur, qui semble sortir tout droit d'une série télévisée américaine, qui dirige ce parquet, et nous avons pu assisté à des audiences où l'on jugeait des complices de terroristes …
* SITA/ Question :
VOUS VENEZ DE FIXER LE CADRE GENERAL, MAIS REVENONS AUX « CELLULES DORMANTES » ?
Luc MICHEL :
Au milieu de tout ça, y a -t-il des cellules dormantes en Europe ?
Bien entendu oui ! Toutes les affaires qui éclatent voient de nouvelles cellules découvertes, voient que tout le travail subtil mené par les services secret et les services de sûreté européens ne conduit pas à grand chose. Quand il ne dévoile pas d'ailleurs que des complicités existent, qu’il y a des tentatives des agents infiltrés, qu’il y a des tentatives de contrôles. Les européens ont cru qu'ils pouvaient maîtriser le phénomène djihadiste, ils se sont cru plus intelligents que tout le monde, çà n'a pas été le cas !
Il faut dans le cas de Daech, lire le livre de Samuel Laurent, qui s'appelle « L'Etat islamique », pour comprendre que c'était un Etat de facto extrêmement structuré, avec son armée, ses conseillers militaires, ses services d'éducation, ses collecteurs de taxes. Mais surtout insiste l'auteu , ses services secrets extrêmement bien structurés, qui a plusieurs reprises d'ailleurs ont même infiltrés les services secrets européens. Lorsqu'il y a eu l'affaire en janvier 2015 à Paris des attaques du Bataclan, ensuite l'hyperkasher – et là aussi la presse n'a sorti qu'un article puis on n’en a plus entendu parlé -, on a découvert que l'un des djihadistes vivait avec une adjudant-chef de la Gendarmerie française, qui travaillait précisément au Centre d'écoutes des services secrets français près de Versailles. A l'époque, il y a eu un article dans certains journaux français, une dépêche de l'AFP, seule la presse algérienne a repri à l'époque les articles et les analyses que j'avais consacrés à ce sujet …
Dernier sujet lorsqu'on parle des cellules dormantes, je l'ai également soulevé lors de ma troisième visite en Novembre 2014 en Syrie, c'est la question des femmes et des jeunes filles parties faire ce qu'on appelle en Europe le « djihad par le mariage » ou le « djihad par le sexe ». Ou tout simplement celles qui sont parties rejoindre leurs compagnons ou leur maris. C'est une grande question actuellement, puisque leurs familles ont le culot aujourd'hui de demander à ce que les Etats belges et français aident à leurs rapatriement, alors qu'elle ont été là-bas aider à commettre des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. Et qu'elles doivent en toute justice êtres condamnées en Syrie par les tribunaux de l'Etat syrien, suivant les lois syriennes. C'est un peu une solution trop facile de les rapatrier. J'avais soulevé cette question des femmes parce qu’elles sont peu intervenues dans le terrorisme europén, mais qu’on a l'exemple du terrorisme wahhabite ou du djihadisme dans le Caucase russe. Et là-bas ce sont toutes ces femmes, notamment dans les récents attentats de Moscou ou encore de Volgograd (en 2015) et bien, qui ont commis ces attentats. Ce sont souvent des femmes de types européen, islamisées. que rien ne permet de reconnaître dans une foule lorsqu'elles sont habillées à l'européenne. Elles sont un danger extrêmement puissant pour tous les Etats européens, ce sera à mon sens la prochaine étape de ce cancer djihadiste terroriste qui ronge l'Union Européenne.
* SITA/ Question :
VOUS EVOQUEZ SOUVENT « LE SCENARIO DU DIABLE ». DE QUOI S’AGIT-IL ?
Luc MICHEL :
Cette Union Européenne, qui avec les américains et les pays de l'OTAN, a tenté ce que j'ai appelé « le scénario du diable », c'est-à-dire qu'ils ont crus qu'ils pouvaient instrumentaliser le terrorisme djihadiste pour servir leurs intérêts géopolitiques. Mais comme dit le vieux proverbe français « pour dîner avec le diable, il faut prendre une longue cuillère sans quoi on se brûle les doigts », aujourd'hui les puissances européennes, les services secret européens, se sont brûlés non pas les doigts mais les bras et jusqu'au coude !
* SITA/ Question :
UN RAPPORT D’UNE TELEVISION LIBANAISE EVOQUE L’EXISTENCE D’UN "BRUSSELSTAN", C’EST-A-DIRE UN ESPACE OUVERT AUX TERRORISTES EN BELGIQUE. EST-CE VRAI ? SINON, QUELS SONT LE RÔLE ET LA POSITION DU GOUVERNEMENT BELGE EN LA MATIERE ?
Luc MICHEL :
Votre question sur un « Brusselstan » est exacte au fond, mais pas exacte dans la formulation. Il y a derrière tout ça l'exemple de ce qu'on a appelé le « Londonistan », c'est-à-dire que dans les années 1980, c'est-à-dire au début de l'engagement occidental, où les canadiens et les britanniques ont joué un grand rôle aux près des américains, contres les soviétiques et la République populaire d'Afghanistan, dans cette guerre d'Afghanistan qui a vu l'alignement des djihadismes avec un certain Ben Laden, les wahhabites pakistanais, saoudiens, etc.. avec les occidentaux pour vaincre les soviétiques. On avait alors transformé Londres en capitale de l'islamisme, en base arrière des djihadismes. C'est ce qu'un auteur britannique précisément dans un livre retentissant avait appelé le « Londonistan ». Ce « Londonistan », il a existé des année 1980 aux années 2002-200, lorsque évidement après les attentats du 11 septembre, les britanniques a l'instigation du régime Bush II ont changé leur façon de voir. Changer c'est très cosmétique, puisque toutes les structures islamistes radicales sont restées en place, les mosquées radicalisées, les centres d'enseignements. Et parce que la collaboration avec les djihadistes a continué derrière une façade de « lutte contre le terrorisme » une fois de plus. Elle a continué notamment, comme le relèvera l'attentat de Birmingham, avec les islamistes libyens en lutte contre Kadhafi. Elle a continué dès que s'est préparé le soi-disant « Printemp arabe », puisque les djihadistes ont été mobilisés contre tout les régimes laïcs, nationalistes arabes, notamment tunisien, égyptien, algérien, libyen, et aussi surtout et encore contre la Syrie ba’athiste.
Donc ce londonistan a inspiré d'autres analyses sur l'existence de base arrières similaires et la Belgique joue un rôle de premier plan dans tout cela. Pas avec un soi-disant « Brusselstan », mais avec trois villes, qui sont la base du djihadisme non seulement belge mais ouest-européen. Ce sont pour commencer les villes de Verviers, de Charleroi. Verviers et Charleroi sont deux grandes villes ex-industrielles en Wallonie, qui ont été ruinées par la globalisation, où existe un taux très fort à la fois d'immigration et de chômage. Le troisième centre évidemment, qui est aujourd'hui mondialement connu, c'est la fameuse commune de Molenbeek, l'une des 19 communes de la région de Bruxelles-Capitale, Molenbeek qui est véritablement l'épicentre du djihadisme belge et ouest-européen, avec des relais notamment avec les attentas qui ont eu lieu à Paris en 2015.
* SITA/ QUESTION :
MAIS DERRIERE TOUT ÇA, POURQUOI LA BELGIQUE ?
Luc MICHEL :
Cela s'explique pour deux raisons.
Tout d'abord parce qu’au début des années ’90, alors que l'immigration d'origine arabe était d'envoie d'intégration en Belgique, et que ces arabes devenaient des citoyens comme les autres, on a pour des raisons, qui sont financières et sans doute liées à la grande corruption qui est typique de la vie des grands partis politiques belges, confié les Mosquées de Belgique à l'Arabie saoudite. C'est-à-dire qu'on a demandé aux renards de garder les poules, les saoudiens ont amené des imams wahhabites, ont commencé a développer leur idéologie radicale. Qui, rappelons-le, est la matrice idéologique de tous les djihadismes, que se soit ceux d'Al-Qaida, de Ben Laden ou encore de Daech. Il ya derrière tout ça cette grande erreur de la Belgique. On tente seulement aujourd'hui, en 2018, d'y mettre un terme, puisqu’au terme d'un grand scandale qui est lié particulièrement à l'arrivée du terrorisme dans l'Europe de l'Ouest l'Arabie Saoudite s'apprête à remettre la gestion de ses Mosquées à la Belgique. Qui ne sait pas il faut le dire, parlons honnêtement, quoi en faire ! Voir aussi les errements similaires du régime de Sarkozy et de Hollande, qui ont confié les Mosquées de la banlieue parisienne et de Marseille au Qatar, autre puissance wahhabite, autre parrain du terrorisme.
Il y a une deuxième chose qui explique évidement le développement de cet Islam radical , ce sont les liens existants entres la démocratie-chrétienne belge, la démocratie-chrétienne allemande et l'AKP, c'est-à-dire les islamistes conservateurs qui sont le troisième parrain du terrorisme, ceux d'Erdogan en Turquie. Il y a depuis plus de 15 ans des liens étroits entres la démocratie-chrétienne, c'est-à-dire le conservatisme Catholique, et l'AKP d'Erdogan, c'est à dire le conservatisme musulman. L'AKP a même obtenu un statut d'obsevateur au sein du fameux Parti Populaire Européen, qui est la structure transnationale, notamment au niveau du Parlement européen, qui unit tous les partis de la démocratie-chrétienne. Pourquoi la Belgique mais aussi l'Allemagne ? Tout simplement parce que ce sont deux pays ou la démocratie-chrétienne est puissante ou l'a été. En Belgique, elle a été la principale force de gouvernement depuis les années 30 jusqu'au élections de 2010, où elle a prit une veste électorale. Et donc des structures, des relais existent. On a notament laissé les communautés turques être prises en mains par l'AKP d'Erdogan et par leurs complices, qui est une organisation d'extrême-droite turque, qu'on appel les « loups gris », qui sont un mélange d'ultras-nationalisme et de conservatisme islamique.
La communauté turque en Belgique, qui était encore plus en voie d'assimilation que la communauté marocaine, a donc commencé a constitué des ghettos. Il y a également un poids en Belgique et en Allemagne, qui est celui évidement de cette immigration turque. Une commune comme Saint-Josse, qui une des 19 communes de Bruxelles-Capitale, a un bourgmestre d'origine turque et a même eu un ministre au gouvernement bruxellois d'origine social-démocrate lui, qui s'appelle Emir kir. Les « loups gris », l'AKP sont chez eux en Belgique, Erdogan a même pu organiser des meetings, manipuler la population. L'AKP d'Erdogan d'ailleurs a pu développer des contact pas seulement avec la démocratie-chrétienne, mais comme je vous l'expliquais avec la social-démocratie belge, celle du PS ou du SP.
Voilà pourquoi aujourd'hui on peut évidement à Verviers, Charleroi ou à Molenbeek parler non pas d'un « Brusselstan » mais d'un « Belgistan », Belgistan est d'ailleurs le nom de la Belgique en turc …
* SITA/ Question :
QUEL EST LE DEVENIR DE LA "CONVENTION DE DUBLIN" ? SERA-T-ELLE RENEGOCIEE ET MODIFIÉE ? LES ETATS DE L’UE SONT-ILS D'ACCORD SUR LES RÉFUGIÉS ET LES PROBLÈMES DE L’IMMIGRATION ?
Luc MICHEL :
La question de la Convention de Dublin, qui a été conclue en 1990, et qui a été remplacée en 2003 par ce qu'on appelle « Dublin II », est une convention qui vise a organiser au sein de l'Espace européen la Convention de Genève sur les réfugiés. A partir de 2003 elle a été étendue non seulement aux pays de l'Union Européenne, et bien entendu à cette partie de l'UE qui forme un noyau sécuritaire dur et qui est ce qu'on appelle l'Espace Shengen, mais elle a aussi été étendue à des pays extra UE, comme la Suisse, la Finlande ou la Norvège.
Quelle est le principe de Dublin II ? Ou de Dublin 1990 ? C'est que le réfugié fait sa demande pour être accepté comme réfugié politique dans un seul pays et que ce pays est celui de son arrivée. C'est pour ça que Shengen par exemple insiste particulièrement, même pour les visas de visites courtes ou de tourisme de 3 mois, pour que lorsque vous obtenez un visa Shengen votre arrivée se fasse bien dans le pays dans le pays qui l'a accordé. J'ai eu l'occasion lors d'un voyage à Kiev à l’hiver 2003, que j'avais fais par autocar Euroline, de voir cet aspect de Shengen à la frontière entre l'Allemagne et l'Autriche, où on avait arrêté de nombreux voyageurs ukrainiens qui étaient dans mon car. On les a traités de façon ignoble. J'ai personnellement protesté contre une lieutenant de la Grenzshutz Polizei allemande, en lui rappelant qu'en 1945, c'était eux qui avaient perdu la guerre et pas les soviétiques ou les ukrainiens. Mais on reprochait à ces gens avec des visas Shengen français d'être dans un autocar pour Bruxelles, ils ont été débarqués et ils n’ont pas pu reprendre leurs voyage …
La renégociation aujourd'hui de Dublin II est importante puisque l'immigration aujourd'hui est une question centrale dans l'Union Européenne, je vais m'en expliquer ensuite. Et par ce qui est évidement une immigration sauvage, qui vient par des voies terrestres depuis la Syrie et le Proche-Orient ou par des voies maritimes depuis l'Afrique, depuis les côtes principalement de la Libye ou du Maroc. Et bien cette immigration, elle se fait évidement toujours vers les mêmes pays, c'est-dire principalement l'Espagne, la Grèce, et encore plus évidemment l'Italie, avec la fameuse île de Lampedusa au large de la Sicile Les italiens n'en peuvent plus, ils supportent toute la charge, on leurs renvoit à longueur d'années des réfugiés qui sont rentré par là. C'est çà la renégociation de Dublin II.
* SITA/ Question :
DERRIERE TOUT ÇA, IL Y A LE FAIT QUE L'IMMIGRATION EST DEVENUE UNE QUESTION CENTRALE DANS L’UE ?
Luc MICHEL :
Oui ! Mais tout d'abord comment tout cela est-il arrivé ? C'est une opération américaine, qui est notamment soutenue par ce qu'on appelle les « vitrines légales de la CIA », ces organismes d'Etat financés sur le budget de l'Etat américain, qui eux-mêmes organisent une galaxie d'ONG. Soutenue aussi par aussi les réseaux de George Sorös, qui a prit une part prépondérante dans la promotion de cette immigration sauvage vers l'Europe. Et bien tout cela évidement est un instrument que les américains ont développé en marge de leur guerres au Proche-Orient et en Afrique, pour « casser » l'Europe, la diviser profondément, vous savez qu'il ya une contradiction interne fondamental aux sein du Bloc-américano occidental.
C’est là la « contradiction interne » de ce Bloc, pour parler en termes marxistes-lénisistes, qui l'explique très bien : l'allié géopolitique, militaire, diplomatique principal des Etats-Unis, c'est-à-dire les pays de l'Union Européenne, rassemblés dans l’OTAN, est aussi l'adversaire économique et financière, monétaire, des USA ! Il y a une guerre commerciale entres les Etats-Unis et l'Union Européenne depuis le début des années 1980 et il y a une immense guerre monétaire entre le dollar et l'euro. D'un côté nous avons les structures supranationales de l'UE en matières économiques et financières, et de l'autre nous avons les structures supranationales de l'OTAN. L'OTAN qui n'est pas le « bouclier de l'Europe », mais rappelons-le, comme le disait le grand géopoliticien Jean Thiriart dès les années 60, « l'OTAN c'est le harnais de l'Europe », un harnais c'est ce qui sert à maintenir un animal de trait, qui en fait sa puissance de travail au service de son maître. C'est ce qu'est l'OTAN pour les américains, c'est le deuxième poumon de l'Amérique et on ne comprends rien à la superpuissance amércaine si on ne comprends pas qu'elle repose sur deux piliers : le pilier nord-américaine et précisément le second pilier ouest-européen. Relisez les oeuvres du géopoliticien Jean Thiriart, ou celle qui semblent en être le négatif, le « Grand échiquier » de Zbigniew Brzezinski.
Ce qui a changé évidemment avec cette instrumentalisation de l'immigration c'est que l'immigration est devenue un thème central dans la politique européenne. On comprends mieux à ce moments-là par exemple le clash immense entre le milliardaire George Sorös, immense puissance politico-médiatique avec sa fortune de 34 milliards de dollars. Comparez à côté de cela la fortune de Trump, qui pèse entre 2 et 3 milliards de dollars, Sorös a dit un jour avec un ton sarcastique que « Trump était un pauvre » … Il y a un bras de fer actuellement entre le pays qui est en pointe dans l'Union Européenne contre l'acceptation des immigrés, la Hongrie de Victor Orban, et Sorös, cet ancien réfugiés hongrois devenu citoyen américain, qui a le centre de son système éducatif avec son Université de la Société ouverte à Budapest. George Sorös est un immigré hongrois ayant fuit l'Europe antisémite en 1944.
Ce bras de fer n'a bien entendu aucun rapport avec l'antisémitisme, mais tout à voir avec cette immigration. On a vu il y a quelques jours la chaîne France24 interviewer précisément le ministre de l'intérieur hongrois, lui reprochant une « campagne antisémite contre Sorös ». France 24 n'expliquait pas que dans cette soi-disant « campagne antisémite », Orban était allié avec le Likoud de Netanyahou, qui est allé en Hongrie soutenir Orban et qui a prit exactement commee les hongrois un train de mesures législatives pour empêcher Soros cette fois-ci non plus de financer en Hongrie des ONG anti-hongroise, mais de financer en israel des ONG anti-israeliennes. Vous savez qu'Israël est aussi soumis à ce grand problème de l'immigration venue d'Afrique, qu'elle traite, parce que les israéliens peuvent tout se permettre dans ce domaine, avec un ultra-racisme xénophobe, qu'on n’oserait pas employer en Europe.
L'immigration c'est donc devenu un thème central. Ce thème, qui était marginal, mais qui a permit à des partis d'extrême-droite, notamment au Front National des Le Pen d'émerger, a été mis à cause de cette question de l'immigration sauvage depuis 2 ans, au cœur des thèmes des campagnes électorales, de la Présidentielle française par exemple. De la campagne de Merkel en Allemagne , qui a du malgré sa victoire au élections et la défaite des sociaux-démocrates du SPD, faire avec eux une « grande coalition », où le SPD défait dans les urnes est le gagnant dans le gouvernement, parce qu'il y a la grande montée d'un parti xénophobe et raciste, qui est l'AFD. C'est le même problème partout en Europe et c'est cette position centrale de l'immigration dans le débat électoral et dans la défaite électorale possible ou probable des grand leaders de la politique Ouest-européenne qui vous explique la renégociation inévitable de Dublin II.
* SITA/ Question :
QUELLES SONT LES POLITIQUES EUROPÉENNES DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME, EN PARTICULIER APRÈS LES INFORMATIONS PARLANT DES « CELLULES DES BALKANS » SE PRÉPARANT À PARTICIPER AU TERRORISME AU CŒUR DE L'EUROPE?
Luc MICHEL :
La question du combat des pays européens contre le terrorisme, qui sont aussi des pays de l'OTAN, je l'ai évoquée déjà dans ma première question. Il y a ce volet Ouest-européen du grand théâtre qu'est la guerre américaine « au terrorisme » et pas contre le terrorisme. J'ai expliqué dans une émission retentissante sur la grande chaîne de télévision panafricaine Afrique Médias, qu'il y avait trois présidents qui luttaient véritablement contre le terrorisme. Le président Poutine en Russie, qui mène ce combat depuis la fins des Années 1990 dans le Caucasse, au Daghestan ou en Tchétchénie et maintenant en Syrie. Il y a le président Bachar Al-Assad qui a été le rempart contre le djihadisme takfiriste (sans Bachar Al-Assad, il faut le savoir, ce djihadisme aurait déferlé à la fois sur l'Europe, dans les Balkans, et en Afrique, surtout l'Afrique saharienne et sub-Sahérienne, mais aussi en Afrique de l'Ouest, où Boko Haram, le grand mouvement terroriste, a fait allégeance à Daech et s'appelle aujourd'hui l'Etat Islamique en Afrique de l'ouest). Le troisième président, c'est le président du Tchad Idriss Déby Itno, dont l'armée a prit la tête de la guerre contre le terrorisme en Afrique centrale, en liaison avec l'Armée camerounaise, sur les frontière du Niger et du Nigeria, et qui a empêché précisément que ce djihadisme précisément ne submerge toute la région du Golfe de Guinée.
A coté de cela, il y a le théâtre américain, qui est fait de prétextes, de moyens d'ingérence, de liaisons dangereuses, avec ce que j'ai appelé le « scénario du diable » avec les jihadistes. On l'a encore vue avec la tentative avortée de d'établissement d'une grande base aérienne dans la Ghouta orientale près de Damas, qui est la dernière zone sous le contrôle djihadiste terroriste, ceux du Jabbat al-Nosra précisément, jadis al-Qaida en Syrie.
Deuxième exemple actuel de ce scénario du diable, ce sont les turcs, évidemment, qui dans la bataille d'Afrin utilisent comme troupes au sol une série de groupuscules djihadistes, là aussi des groupuscules lié au Jabbat al-Nosra, ou à des mouvement djihadistes d'origine turcomane. La collaboration complète d'Ankara avec ces groupes c'est une réalité, elle existe depuis le début des opérations de cette guerre civil importée par les occidentaux en 2011.
Dernier exemple actuel, c'est Paris ! Paris qui reçoit à l'assemblée nationale et qui fait recevoir par un conseiller de Macron des gens de l'ONG dite des « casque blancs », qui sont en fait une structure parrainée une fois de plus par les services secrets britanniques, les vitrines légales de la CIA et les réseaux de George Sorös. La création des casque blancs est le fait d’un ancien mercenaire britannique lié au MI6 et installé à Dubai. Mais ce n’est pas tout, les enquêtes, qui ont été menées par les presses russe et iranienne sur le terrain, ont démontré que ces « casques blancs » étaient en fait une couverture médiatique, un cache-sexe politico-médiatique du Jabbat al-Nosra. Ils sont dans les mêmes zones, ils participent aux mêmes opérations de propagande. L'appareil de propagande occidental, qui dénonçe les « fakenews », alors qu'elle est une machine à les produire, a fait de ces « casques blancs » des espèces de héros hollywoodiens, leur a consacré des films, a fait donné à ces films des oscars. Ce sont purement et simplement des auxilliaires du Jabbat al-Nosra ! Et d'ailleurs leurs personnels démontre que ceux-ci sont des « casques blancs » le jour et des djihadiste la nuit, il y a des milliers de photos et de vidéos sur les réseaux sociaux pour le démontrer.
* SITA/ Question :
ET CES INQUIETANTES “CELLULES ISLAMISTES DES BALKANS” DANS TOUT CELA ? POURQUOI PRECISEMENT CETTE ORIGINE BALKANIQUE ?
Luc MICHEL :
J'en viens donc à votre question des cellules dormantes dans les Balkan. C'est un problème général et grave. Il faut savoir que les Balkans ont vu la naissance précisément de ce djihadisme européen, lors précisément des « guerres de Yougoslavie », celles de Bosnie et puis du kosovo. Lorsque les américains avec l'Otan, mais aussi avec la complicité de la France de Mitterrand, du Vatican et de l'Allemagne, lancèrent les guerres de Yougoslavie (ou des Balkans) pour faire éclater ce qui restait de la deuxième Yougoslavie de Tito, puis de la troisième Yougoslavie résiduelle de Milosevic. Et bien ils vont utiliser en Bosnie, puis au au Kosovo, ce qui leur avait si bien réussi en Afghanistan : l'utilisation du terrorisme djihadisme. La guerre de Bosnie va être le « deuxième Afghanistan ».
Quelle est le but de guerre des américains dans tout celà ? La liquidation de la Yougoslavie, c'est la continuation de la liquidation de l'Union Soviétique, obtenue par la victoire américaine à la fin de la guerre froide. Opération qui continue encore aujourd'hui, puisque le but c'est le démembrement de la Fédération de Russie. Et les américains sont directement derrière ces terroristes takfiristes wahhabites, qui ensanglantent la Tchétchénie, le Daghestan et le Caucase russe. Et auxquels Poutine s'est opposé dès la fin des années 90. Dans les Balkans des Années 1991-2000, l s'agissait de liquider la Yougoslavie, de liquider un ensemble géopolitique qui était considéré par les américains comme Orthodoxe et lié à l'Orthodoxie russe. Et on a vu d'ailleurs l'ennemi principal communiste devenir l'ennemi principal orthodoxe. C'était d'ailleurs l'avis de Zbignew Brzezinski, qui a dit au début des années 90 que « maintenant l'ennemi principal des USA, c'était l'Orthodoxie » ! La liquidation de la Yougoslavie faisait partie de ce plan qui est la liquidation de la Russie en tant qu'Etat continental, opposé à la domination mondiale de la thalassocratie américaine.
La guerre de Bosnie a été la continuation dans ce sens de celle d'Afghanistan. Que s'est-il passé en Bosnie ? On a vu les djihadistes arrivés précisément d'Afghanistan, notamment ceux de Ben Laden, on a vu les pakistanais et les saoudiens intervenir. Il faut savoir qu'il y a deux parrains au djihadisme takfiriste. Il y a celui que tout le monde connaît, le wahhabisme saoudien, mais il y a les puissants officiers wahhabites qui contrôlent l'armée pakistanaise et les service secrets pakistanais, l'ISI.
Tout celà est issu des années de la dictature fondamentaliste islamiste du maréchal Zia au Pakistan. Il y a par ailleurs actuellement un phénomène géopolitique intéressant : puisque deux ailes s'opposent au Pakistan. Une aile qui était auparavant favorable au Etats-Unis, pro-occidentale, faite de civils et d'une partie des officiers et qui se tourne aujourd'hui vers Pékin et Moscou, et qui suite à l'attitude hostile de Trump, mais se tourne vers l'Organisation de Coopération de Shanghai (ce grand bloc géopolitique alternatif opposé au Etats-Unis). Et il y a toujours une aile d'officiers fondamentalistes : les pakistanais ont joué un grand rôle dans l'expansion du jihadisme, puisque c'est eux par exemple qui ont amené en Afrique, via les officiers pakistanais et sous-officiers des Casques bleus amené en Afrique, les premières Mosquées fondamentalistes, les premières Madrasas radicales, qui ont établis les premières cellules politiques et surtout les réseaux de financements via de soi-disant fondations Islamiques.
A partir de ce moment-là, la guerre de Bosnie a vu se développer ce premier djihadisme européen et lorsque la Yougoslavie a perdu la guerre, lorsque au suite des accords de Dayton la Yougoslavie s'est repliée sur deux Etats résiduels, la Serbie et le Monténégro, et bien ces gens n’ont plus été utiles. Ca été la première rupture des djihadistes avec les américains et on les vus partir vers l'Afrique, vers la Somalie, vers le Soudan, etc. Mais l'affaire ne s'est pas arrêté-là ! Parce que les guerres de Yougoslavie ont continué : il fallait pour les américains faire éclater la dernière Yougoslavie la troisième … La première c'était le Royaume de Yougoslavie des années 20 et 30, auquel les nazis ont mit un terme en 1941 ; La seconde, donc à partir de 1943-45 est celle de Tito, communist. Et la troisième à partir de 1991-92 la Yougoslavie résiduelle de Milosevic. Au sein de cette Fédération yougoslave résiduelle, il y avait donc deux Etats la Serbie et le Monténégro, et des régions autonomes, le Sandjak (qui est une population islamisée datant de l'époque ottomane), la Voïvodine où il y a des populations hongroises, et le Kosovo où la majoritée était devenue aux fil des annnées et des erreurs de la politique de Tito, il faut le dire, à majorité albanaise.
Les américains à la même époque s'étaient emparé de l'Albanie sur les ruines du régime communiste d' Enver Hoxha , ils avaient établis une collaboration avec des réseaux maffieux (qui sont toujours en place et qui contrôlent l'Etat albanais ou l'actuel Etat fantoche du Kosovo), avec un mouvement terroriste à composante islamiste qui était l' UCK, et avec tout ces milieux fondamentalistes liés également à la politique de Ryad et d'Islamabad. Il y a donc eu utilisation de ce terrorisme de l'UCK, on a donc créé une situation insurrectionnelle au Kosovo et qui a été transformé en crise humanitaire par les bombardements de l'Otan et la propagande médiatique occidentale qui a fait peur aux populations.
L'Otan est intervenu, elle a bombardé Belgrade ! Cela a été tout bénéfice pour les américains, puisque l'Union Européenne s'est tiré une balle dans le pied, l'Europe étant basée jusque là sur le fondamental « plus de guerre entres européens ». Et bien on voyait là les Etats européens membres de l'OTAN, dont la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, l’Allemagne ou la Belgique, aller bombarder pour la première fois depuis 1945 une capitale européenne, Belgrade.
Le Kosovo a été perdu, l'Otan s'en est emparé et n'a pas établi un Etat européen indépendant, mais un protectorat, il y en avait déjà eu en Bosnie. Protectorat de l'Otan qui a conduit en 2008 au mépris des lois internationales à la déclaration unilatérale d’ indépendance, qui viole la souveraineté de Belgrade ! Même tous les Etats de l'union Européenne n’ont pas reconnu le Kosovo, dont bien entendu l'Espagne et les pays qui ont des minorités indépandantistes sur leurs sol. Et biens entendu pas la Russie Aujourd'hui plus de 60 Etats des Nations-Unies ne reconnaissent pas le Kosovo. Le Kosovo c'est un espèce de Bantoustan comme les sud-africains en avaient fait durant les dernières années de l'apartheid, c'est une non-état failli économiquement, failli idéologiquement, faillt politiquement. Où notamment dans la ville de Mitrovica, une minoritée serbe continue à résister, discriminée par la vague islamiste. C'est un Etat qui n'a pas d'armée puisque c'est l'Otan qui l’assure . C'est cet « Etat » dont on fête soi-disant « les dix ans de l'indépendance ».
Le but de guerre des américains s'était d' y'établir leurs principale base militaire, dans ce qu'on appel le « triangle militaire des Apennins et des Balkans » : donc c'est le « Camp Bondseel » (du nom d'un vétéran de l'armée américaine au Vietnam), la seconde base de l'US Army en Europe après Rammstein en Allemagne (qui est le coeur des forces armées américaines en Europe, mais aussi en Afrique puisque l'Africom y a son siège). Et ce Camp Bondseel permet de distribuer toute la logistique américaine vers les Balkans, vers la Méditéranée, vers l'Asie Centrale, vers le Moyen et le Proche Orient. On comprend mieux alors l'utilité géopolitique du Kosovo.
* SITA/ Question :
LA BOSNIE ET LE KOSOVO SONT DONC LE « VENTRE MOU » DE L’EUROPE AU REGARD DE LA MENACE TERRORISTE ISLAMISTE ?
Luc MICHEL :
Donc revenons à la questions des djihadistes des Balkans. Aujourd'hui la Bosnie et le Kosovo sont deux Etats de type maffieux, où l'emprise idéologique des wahhabites saoudiens et pakistanais est immense, où l'on voit des Mosquées du type saoudien et pas dutout du type classique balkanique, telles qu'elles existent depuis cinq siècles dans l'ex empire ottoman. Il y a dans ces Etats, qui connaissent un chômage massif, qui connaissent d'immenses inégalités sociales, un terrain pour le djihadisme.
Certains apprentis sorciers continuent à vouloir faire les malins avec les fondamentalistes. Il y a encore eu cette semaine une tribune libre dans « La Libre Belgique » (le grand quotidien de référence de Bruxelles) faite par un professeur belge bien naïf, qui disait « que le moyen d'empêcher précisément le djihadisme et le terrorisme de se développer dans les Balkans et en Bosnie, ça serait de les faire entrer dans l'Union Européenne ». C'est évidement et toujours le « scénario du diable », c'est toujours se croire plus malins que ces forces réactionnaires et surtout la puissance occidentale américaine, qui est tapie derrière elles.
Les « cellules dormantes des Balkans » ce sera, avec les femmes liées au terrorisme djihadiste, les grands défis dans l'UE de demain. Comme on le voit le « scénario du diable » continue à temps plein en Europe, il aura les mêmes conséquences qu'il a déjà eu, du sang et des larmes, qui seront payé cash par les européens.
On en a eu un exemple direct d'ailleurs, pour conclure, avec le cas de l'Angleterre, de ce fameux « Londonistan ». Puisque lors des derniers attentats de Birmingham, on a vu impliqués des militants djihadistes, qui avaient été aidés pris en mains par les services secrets MI5 et MI 6 . Birmingham précisément, qui était le deuxième point du « Londonistan ». Ces islamistes radicaux, qui avaient été pris en main pour combattre la Jamahiriya libyenne de kadhafi, avaient été extrêmement actifs dans le soi-disant « printemps arabe » en Libye. Et bien, ils ont fini par se retourner, par mordre la main sécuritaire qui les avait nourris. C'est ce qui se passe depuis plusieurs années dans toute l'Europe …
Mise en forme écrite de l’Interview audio du Géopoliticien Luc MICHEL (Administrateur-général d’EODE) accordée à Bruxelles ce 22 février 2018.
(Interview par Jan VANZEEBROECK, Expert EODE et correspondant de SITA INSTITUTE, et Samar Radwan, Beyrouth)
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