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# L'AFFAIRE JEAN MOULIN : TRAHISON OU COMPLOT ?
Jacques Gelin
Editeur Gallimard
« On sait à peu près ce qui s'est passé le 21 juin 1943, à Caluire, dans la banlieue nord de Lyon chez le Dr Dugoujon. Mais on ignore toujours pourquoi. Qui a trahi Jean Moulin? S'agit-il d'un complot, d'une imprudence, ou bien des deux? Après de nombreuses hypothèses, du Moulin cryptocommuniste au Moulin proaméricain, Jacques Gelin livre les conclusions de sa vaste enquête commencée en 1987 (…), il y aura toujours une part de brouillard dans l'histoire de l'armée des ombres. Mais de tels ouvrages permettent d'en dissiper une bonne partie »
– Le Nouvel Observateur
Le livre qui apporte une vue complète sur une des grandes énigmes de la seconde guerre mondiale.
Retour sur la mort controversée du chef de la Résistance française, désigné par le Général de Gaulle …
Dans la nuit du 4 au 5 février 1983, Klaus Barbie, l’ancien chef de la Gestapo de Lyon, est extradé de la Bolivie vers la France. Son arrivée réveille quelques spectres, dont l’affaire Jean Moulin. Depuis l’arrestation du résistant à Caluire, le 21 juin 1943, la plaie est restée ouverte : «l’unificateur de la Résistance» a-t-il été victime d’une trahison, d’un complot?
Deux procès impliquant René Hardy ont échoué à faire la lumière. Le résistant a été acquitté chaque fois sur le fil. Quarante ans plus tard, Me Vergès, l’avocat de Barbie, cria haut et fort que Moulin avait été livré par des membres de Combat, le mouvement très à droite d’Henri Frenay, auquel appartenait aussi Hardy et son ami Pierre de Bénouville, parce qu’ils le jugeaient trop proche des communistes.
UNE RESISTANCE ECARTELEE AUX EXTREMES
La Résistance française (comme la Belge et la polonaise) a en effet une caractéristique : elle s’est constituée aux deux extrêmes de l’échiquier politique. A l’extrême-droite, qui n’a pas uniquement fait le choix de Vichy, par anti-germanisme et patriotisme. Et singulièrement chez les anciens cagoulards, organisation subversive d’extrême-droite active avant 1939 contre la France du Front Populaire et dont les activistes se partagent entre Vichy et la Résistance. Et chez les communistes. Les deux ailes se détestent et ont des agendas opposés pour la France libérée.
La toile de fond ce sont « les opérations d'infiltration des réseaux par l'Abwehr (le contre-espionnage militaire allemand), les manoeuvres politiques entre communistes et cagoulards, les rivalités entre Londres et la Résistance intérieure ».
UNE ENQUETE DE VINGT ANS …
Introduit à cette affaire par une amie de Moulin, Antoinette Sachs, et guidé dans son dédale par un autre membre de Combat, Claude Bourdet, Jacques Gelin a d'abord enquêté en journaliste dans les coulisses du procès Barbie, en 1986 et 1987. Puis il a rencontré tous les acteurs, nombreux à l'époque à être encore en vie. Enfin, il a découvert de nouveaux témoins et des documents inédits.
Au terme de ce travail étalé sur plus de vingt ans, il apporte des réponses concluantes sur la culpabilité de Hardy et ses mobiles possibles. Moulin était soupçonné d’être un «cryptocommuniste», voire un agent soviétique, par certains résistants, qui redoutaient une prise de pouvoir des «rouges» à l'occasion du débarquement allié, jugé imminent au printemps de 1943. Les opérations d’intoxication mises en place par les Alliés et leurs relais pour couvrir leurs opérations en Sicile et en Corse avaient convaincu ces résistants de la réalité du débarquement en métropole. Le sacrifice de Moulin a-t-il été la conséquence ultime de cette conjonction? Telle est la grave question que pose l'ouvrage.
LES PROCES HARDY MANIPULE AU PLUS HAUT NIVEAU
D’autres questions se posent :
« Les deux procès qui ont été intentés à René Hardy en 1947 et en 1950 ont été manipulés de façon à le faire acquitter. « Le résistant a clairement bénéficié de mécanismes lourds et manifestes destinés à le faire acquitter. » Des documents allemands accablants pour Hardy n’ont pas été produits, alors qu’ils étaient déjà entre les mains du magistrat instructeur ; des témoins importants ont été éliminés, ou n’ont pas été convoqués, où ont été manipulés. Les témoignages produits ont été tronqués, et une partie du dossier est restée secrète. Un témoin majeur de l’accusation, l’adjoint de Barbie, qui avait participé directement à l’opération de Caluire et à « l’évasion » de Hardy, s’est rétracté devant le tribunal militaire. Le commissaire du gouvernement a admis que le dossier avait fait l’objet de pressions et qu’on lui avait demandé d’être très clément. Il est donc évident qu’on ne peut tirer argument de ces acquittements pour induire son innocence, mais ce raisonnement n’a jamais été celui des historiens ».
UN COMPLOT ?
« Le colonel Groussard avait un ami, Pierre de Bénouville, qui partageait ses idées politiques d’extrême droite, qui était l’un des responsables du mouvement Combat et un ami de René Hardy. C’est alors que se pose la dernière question à laquelle l’auteur consacre un long chapitre avant de se résoudre à ne pas pouvoir y répondre : y a-t-il eu un complot politique visant à éliminer Jean Moulin accusé de faire le jeu du parti communiste alors que l’on croyait très fort qu’un débarquement aurait lieu à l’automne 1943 et, dans ces conditions, à une possible tentative de prise du pouvoir par le parti communiste ? », interroge le site ‘Les Clionautes’.
Un avis éclairé en tout cas apporte un éclairage. C’est celui de Bernard Morlino : « Dire que Jean Moulin était en fait un agent de Moscou c’est une contre-vérité absolue. En plus des Allemands et des collabos, Moulin a dû en plus se défendre des résistants qui cherchaient le pouvoir par ce biais là. N’est pas Charles de Gaulle qui veut ! Non, Jean Moulin n’était pas un sous-marin du communisme, un “cryptocommuniste” comme ils disaient, “c’est-à-dire un homme partageant les idées des communistes et désireux de les servir” sans pour autant adhérer à tout ce que dit le PC. Ni communiste, ni compagnon de route. Jean Moulin était un démocrate qui voulait vivre en bonne fraternité. Pas besoin d’être communiste pour ça. Jean Moulin été victime à la fois d’un complot et d’une trahison. Quelqu’un l’a livré aux nazis. Son arrestation ne résulte pas d’un hasardeux concours de circonstances. »
Barbie, lui, affirme que « Moulin a été livré aux Allemands par des membres du mouvement Combat d'Henri Frenay, auquel appartenaient René Hardy et Pierre de Bénouville ».
Jacques Gelin opte pour plusieurs hypothèses dont le complot, déjà évoqué par de Gaulle, luisemble la plus plausible. Il croit même débusquer même quelques aveux cryptés dans les romans de Hardy publiés dans les années 1950.
ALLER PLUS LOIN DANS LE DEBAT …
http://clio-cr.clionautes.org/l-affaire-jean-moulin-trahison-ou-complot.html#.UogDB8RFVe4
http://www.blogmorlino.com/index.php/2013/05/27/title_742
608 pages, sous couverture illustrée, 150 x 240 mm
ISBN : 9782070139439
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