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# LE TURBULENT DESTIN DE JACOB OBERTIN
Traduit par Barbara Fontaine
Seuil
Une plongée dans l’histoire tragique des Allemands de Roumanie (dont une partie est par ailleurs d’origine française lorraine) et un concentré de l’histoire de l’Europe centrale …
I : L’ARRIERE-PLAN HISTORIQUE :
L’HISTOIRE MOUVEMENTEE DU BANAT
L’histoire du Banat, région disputée entre la Roumanie, la Hongrie et la Serbie, et celle de ses populations allemandes est la trame de ce roman historique.
Le Banat est une région sud-est de l’Europe, divisée entre trois pays :
– le Banat roumain, partie est qui appartient à la Roumanie (județ de Timiș et județ de Caraș-Severin) ;
– le Banat serbe, partie ouest qui appartient après la Première Guerre mondiale à la Serbie (Banat septentrional, Banat central, Banat méridional) ;
– le Banat hongrois, petite partie au nord qui appartient à la Hongrie (comitat de Csongrád).
C’est une partie orientale de la plaine de Pannonie limitée par le Danube au sud, la Tisza à l’ouest, le Mureș au nord, et les Carpates méridionales à l’est. Sa capitale historique est Timișoara (hongrois : Temesvár, serbe : Temišvar), en Roumanie.
Le terme Banat désigne un « duché » ou une « marche » frontière, gouvernée par un ban. La plupart de ces banats dont disparu au cours des guerres ottomanes. Mais le mot utilisé sans autre qualificatif désigne le BANAT DE TIMISOARA-VALCU, dont le titre a été officialisé par le traité de Passarowitz en 1718, alors qu'il n'était plus gouverné par des bans depuis des siècles.
Le Banat est conquis graduellement par les Ottomans et en 1552 devient un elayet (province) nommée Elayet Temeșvar. Au XVIe siècle, le Banat jusque-là principalement peuplé de Valaques (Roumains), accueille environ 55 000 Slaves (Serbes) refugiés du despotat de Serbie, déjà occupé par les Ottomans. En 1594 ces populations entament une grande révolte contre la domination turque. Elle est écrasée et de nombreux habitants s'enfuient vers la Transylvanie et la Valachie.
Le Banat devient ensuite une province de la Monarchie des Habsbourg en 1739.
Au XVIIIe siècle, le prince Eugène de Savoie, généralissime autrichien, conquiert la région en 1716. Au traité de Passarowitz en 1718, le Banat est annexé par les Habsbourg d'Autriche sous le nom de Banat de Temeschburg. Les Habsbourg trouvent les zones basses du Banat peu habitées, certaines laissées à l'abandon. Le comte Claude Florimond de Mercy, Feld-maréchal du Saint-Empire (1666-1734), nommé gouverneur du Banat en 1720, prend des mesures importantes pour régénérer la région. Les marais à côté du Danube et de la Timis furent asséchés, des routes et des canaux construits à grand-peine, des artisans et des fermiers pour la plupart Lorrains, Alsaciens, Badois Souabes et Hongrois furent attirés par distribution de terres, et l'agriculture et le commerce furent encouragés. Alors que les Roumains et les Serbes sont orthodoxes, la majorité des nouvelles populations est catholique. La province (kreis) du Banat est dissoute en 1778 et trois des quatre comitats hongrois rétablis, sauf dans la partie sud du Banat (Krajina du Banat ou Valko/Vâlcu) qui fait dès lors partie de la frontière militaire (les confins militaires) jusqu'à la dissolution de celle-ci en 1871.
L'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche s'intéressa beaucoup au Banat : elle fit coloniser la région par de nouveaux paysans catholiques allemands, fit fonder plusieurs villages, encouragea l'exploitation des richesses minérales, et d'une manière générale développa les mesures introduites par le comte de Mercy. Les Allemands arrivaient de Souabe, d'Alsace, de Lorraine et du Luxembourg (dont des francophones, parfois dénommés « Français du Banat »), de Bavière, d'Autriche, voire d'Italie du nord et même d'Espagne. Beaucoup de colonies de l'est du Banat étaient occupées principalement par des Allemands, appelés les Souabes du Danube (Donauschwaben) avec la seconde vague du Drang nach Osten. Les villages francophones de Charleville, Seultour, Saint-Hubert (aujourd'hui Banatsko Veliko Selo) se trouvent de nos jours du côté serbe de la frontière.
En 1779 le Banat fut réuni au royaume de Hongrie. Durant la révolution de 1848/1849, le Banat fut un théâtre de combats entre les troupes serbes et hongroises.
Après la Révolution de 1848, le Banat occidental devint une partie de la Voïvodine, avec les régions de Syrmie et de Bačka, forment un Kronland d'Autriche, appelé voïvodat de Serbie et du Banat de Tamiš (en allemand : Woiwodschaft Serbien und Temescher Banat), mais en 1860 cette province fut dissoute et réincorporée à la Hongrie habsbourgeoise (à l'exception de la frontière militaire du Banat, qui suivit en 1871). En 1881, Krassó et Szörény furent unis en Krassó-Szörény.
Fin 1918, lors de l'effondrement de la monarchie austro-hongroise le Banat vit une triple proclamation à Temesvár/Timișoara: tandis que les bolchéviks proclamaient une République du Banat reconnue en 1919 par le gouvernement hongrois éphémère de Béla Kun, les Serbes réclament leur réunion à la Serbie, dont les troupes occupèrent Timisoara et le pays en octobre 1918, tandis que les Conseil National des Roumains proclament leur union avec la Roumanie. Après une évaluation sur place faite par les délégations alliées et américaine, la Serbie et la Roumanie convinrent de se partager le pays sur des critères démographiques, à raison d'un tiers pour la Serbie et deux tiers pour la Roumanie. Une petite zone, ayant une population mixte (hongroise, serbe et roumaine) près de la ville de Szeged fut laissée à la Hongrie nouvellement indépendante.
Le traité de Trianon de 1920 confirme ce partage, toujours en vigueur. Actuellement, le territoire historique du Banat est partagé entre:
– les départements roumains de Timiș, Arad et de Caraș-Severin,
– la province autonome serbe de Voïvodine et le district serbe de Belgrade,
– et le comitat hongrois de Csongrád (ville de Szeged).
LE TRAGIQUE DESTIN DES ALLEMANDS DU BANAT
Les Șvabi (en roumain), Svábok (en hongrois), Švabi en serbo-croate, (ou Souabes du Danube, en allemand : Donauschwaben) sont une minorité allemande de Roumanie issue des colons envoyés tout au long du XVIIIe siècle pour peupler la plaine du Banat. Ils étaient originaires pour la plupart des pays de langue germanique.
C’est aussi un terme générique désignant tout migrant germanique et par extension aussi des populations issues d'autres nations comme la France : en effet, certains colons venaient de Lorraine et d'Alsace. Parmi les Lorrains, des francophones ont participé aux différentes vagues (« Schwabenzüge ») de colonisation : quelques implantations portent des noms français, telles que Seultour, Saint-Hubert et Charleville, aujourd'hui réunies dans la commune serbe de Banatsko Veliko Selo. L'actuel Banat roumain a été principalement peuplé de familles provenant du Luxembourg, de la Sarre, de la Lorraine (surtout germanophone) et de l'Alsace.
Les « Souabes » ont viabilisé des terres marécageuses cédées par les Ottomans après leurs défaites face au prince Eugène de Savoie, au XVIIe siècle. Ce dernier, grand chef de guerre autrichien d'origine française, a ainsi ouvert la voie à la colonisation « occidentale » dans cette région (actuellement partagée entre la Hongrie, la Roumanie et la Serbie).
Le français et surtout l'allemand ont continué à être parlés dans ces régions d'Europe centrale jusqu'à la fin du XXe siècle. On sait notamment que la messe se disait bien sûr en latin, mais avec sermon et chants en allemand dans certains villages ; la toponymie était aussi marquée par cette influence (noms de lieux germaniques ou germanisés).
Du côté serbe, les « Souabes » ont ensuite été instrumentalisés par le Troisième Reich, pendant la Seconde Guerre mondiale (l'administration du Banat serbe leur fut confiée) tandis que du côté roumain, ils furent mobilisés non dans l'armée roumaine, mais dans la Wehrmacht. Lors de la défaite de 1944, ils furent persécutés par les soviétiques et beaucoup sont morts lors d'exécutions sommaires ou en déportation.
On trouve dans le sud de la France (Vaucluse) un village qui a accueilli les descendants de ces colons francophones malmenés par les aléas de l'histoire (La Roque-sur-Pernes). Ses habitants actuels sont pour la plupart des enfants de colons du Banat et de Hongrie, « rapatriés » après guerre suite à l'intervention de Robert Schuman.
II : LE LIVRE
Jacob Obertin est un allemand du Banat. Il vit avec sa famille en Roumanie dans la première moitié du XXe siècle. Après avoir perdu son amoureuse et sa mère de cœur, il doit faire face à la trahison de son père. Il vit la guerre, la dictature et la déportation, mais rencontre sur son chemin des gens qui l'aident à surmonter ces épreuves.
Comme tant d’autres Lorrains, les ancêtres de Jacob Obertin ont émigré dans le Banat à la fin du XVIIIe siècle, en quête d’une vie meilleure. Mais à quel prix ?
Jacob a tiré la mauvaise carte : après avoir perdu son amoureuse et sa mère de cœur, il est confronté à la trahison de son père. Pourtant, la vie met aussi sur son chemin des gens qui l’aident à surmonter les vicissitudes de l’Histoire ? guerre, dictature et déportation ? et à tenter toujours un nouveau départ.
Situé entre la fin des années vingt et le début des années cinquante du siècle dernier, Le Turbulent Destin de Jacob Obertin est une fantastique épopée familiale qui nous entraîne sur les traces des germanophones de Roumanie depuis la guerre de Trente Ans. Ce récit épique poignant, tendre, riche en truculences et en péripéties, peuplé de personnages hauts en couleur, constitue un concentré époustouflant de l’histoire de l’Europe.
L’AUTEUR
Catalin Dorian FLORESCU, né à Timisoara en 1967, passe son enfance et sa jeunesse en Roumanie, et voyage huit mois en Italie et aux États-Unis en 1976. En 1982, la famille fuit la Roumanie et s’installe en Suisse. Il y étudie la psychologie et exercera la profession de psychothérapeute pendant plusieurs années avant de se consacrer pleinement à l’écriture en langue allemande, à Zurich où il vit. Le Turbulent Destin de Jacob Obertin, couronné par le prix du Livre suisse en 2011, est le deuxième à paraître en France après Le Masseur aveugle (Liana Levi, 2008).
La traductrice Barbara Fontaine a traduit une vingtaine d’ouvrages de l’allemand, notamment les romans d’auteurs contemporains tels que Hans-Ulrich Treichel, Katja Lange-Müller, Robert Menasse, Kevin Vennemann et Klaus Hoffer. Elle est lauréate du prix André-Gide 2008 pour la traduction d’Un pays invisible de Stephan Wackwitz, et du prix Amphi 2010 pour la traduction de Près de Jedenew de Kevin Vennemann.
Broché: 378 pages
Editeur : Seuil (7 mars 2013)
Collection : CADRE VERT
Langue : Français
ISBN-10: 202106462X
ISBN-13: 978-2021064629
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