EODE Press Office avec AFP – CEREDD-2013 04 07 /
http://www.facebook.com/EODE.monitoring
Les Alsaciens sont appelés ce dimanche aux urnes pour un référendum qui, si le oui l'emporte, ouvrirait à la voie à une fusion, inédite en France, de leurs assemblées départementales et régionale.
LE "OUI" PART FAVORI
Censé, selon ses partisans, renforcer le poids de l'Alsace, le "oui" part favori. Mais l'issue de ce référendum d'initiative régionale est rendue incertaine par le taux d'abstention attendu dans le plus petit des deux départements concernés, le Haut-Rhin.
"Moi c'est sûr j'irai voter, ne serait-ce que parce que je viens de recevoir ma première carte d'électeur! ", confie Lise, étudiante en lettres mulhousienne. "Mais le débat parait compliqué. C'est très institutionnel", ajoute-t-elle.
Béret vissé sur la tête pour braver le froid, le leader des Verts alsaciens, Jacques Fernique, dont le mouvement est particulièrement actif dans cette campagne pour appeler à voter oui, se laisse gentiment houspiller: "Alors, on va avoir encore plus de fonctionnaires ?", lui lance un passant. "Mais non, on va essayer d'être plus efficaces. Plutôt que de faire chacun dans son coin, on va faire ensemble", rétorque-t-il.
Dans cette campagne atypique, où les lignes de clivage partisan traditionnelles sont brouillées, l'élu écologiste fait cause commune avec le promoteur de la réforme, le président du Conseil régional Philippe Richert (UMP).
Cet ex-ministre des collectivités territoriales de Nicolas Sarkozy sillonne depuis des mois les arrière-salles de restaurants pour prêcher en faveur de la "Collectivité territoriale d'Alsace" (CTA). Il exhorte les électeurs à se mobiliser, car "chaque voix compte, et il n'y aura pas de deuxième tour".
LA PEUR DE L'ABSTENTION
Pour être adopté, ce référendum doit être entériné par au moins 25% des électeurs inscrits dans chacun des deux départements alsaciens, Bas-Rhin et Haut-Rhin.
Selon un sondage publié début mars, le oui pourrait recueillir près de trois-quarts des suffrages exprimés, mais une participation particulièrement faible dans le Haut-Rhin pourrait éventuellement bloquer le projet. Dans l'hypothèse de participation la plus pessimiste de ce sondage, le oui rassemblerait 30% des inscrits dans le Bas-Rhin, mais tout juste la limite légale des 25% dans le Haut-Rhin.
LE NON SOUTENU PAR UNE COALITION HETEROCLITE
Une coalition hétéroclite du non réunit les deux extrêmes de l'échiquier politique (Front de gauche et Front national), mais aussi une bonne partie des socialistes et quelques élus UMP guère convaincus par les arguments de simplicité, plus grande efficacité et éventuelles économies mis en avant par les partisans de la CTA.
Les socialistes de Strasbourg, îlot de gauche dans une région très majoritairement de droite, regrettent notamment qu'au terme de tractations visant à ménager les susceptibilités du Haut-Rhin, le siège du futur exécutif régional ait été fixé à Colmar (chef-lieu de ce département) au lieu de la capitale régionale historique.
Au terme d'une campagne qualifiée de « terne » par plusieurs politologues locaux, les deux seuls ténors politiques nationaux à avoir fait le déplacement ont été Marine Le Pen (FN, extrême-droite) et Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche). Tous deux ont choisi Mulhouse, principale agglomération du Haut-Rhin, pour y dénoncer un projet qui, selon eux, menace "l'unité" de la Nation.
La présidente du Front National a convaincu le leader régional du FN Patrick Binder – pourtant partisan d'une "France des provinces", dont celle d'Alsace, dans une région où l’extrême-droite a toujours été régionaliste -, à appeler à voter non. Mais on notera que les ethno-racialistes du Bloc I
dentitaire – extrême-droite issue d’Unité Radicale, groupuscule néonazi, à droite du FN, qui joue un rôle de pression sur une partie des franges radicales du FN, notamment à Orange et en Alsace – appellent eux à voter ‘Oui’ …
Le sociologue strasbourgeois Philippe Breton explique le manque de relief de cette campagne par le fait que les partisans de la CTA ont volontairement gommé les références trop fortes à l'identité alsacienne, de peur de choquer les Français "de l'intérieur".
Le sénateur UMP André Reichardt s'inscrit en faux contre l'idée de "tourner le dos" à la France. "Au contraire, nous voulons une Alsace forte pour une France forte", résume-t-il.
Après avoir longuement hésité, le maire de Strasbourg Roland Ries (PS) a annoncé qu'il ne voterait "pas non" dimanche. Mais, fort de sa casquette aussi de sénateur, il a d'ores et déjà fait part de son intention d'être "très présent" dans le débat au parlement pour traduire dans une loi l'éventuelle adoption du projet alsacien.
Celui-ci est susceptible de s'appliquer seulement après les prochaines élections territoriales, en 2015.
EODE Press Office
(avec AFP, intertitres de la Rédaction)