Luc MICHEL pour EODE Press Office /
avec AFP – EODE Zone Africa / 2013 09 19 /
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Rwanda: large avance du FPR de Kagame aux législatives de ce 16 septembre 2013 … Le Front patriotique rwandais (FPR), le parti du président Paul Kagame au pouvoir depuis près de vingt ans, a remporté une victoire écrasante et sans surprise aux législatives. Selon des résultats de la Commission électorale, la coalition au pouvoir obtient 76% des bulletins déjà dépouillés.
Le FPR – au pouvoir depuis la fin du génocide au Rwanda en 1994 – et les quatre partis qui lui sont alliés, recueillent 3.395.962 voix sur 4.462.917 bulletins dépouillés pour 5.953.531 d'inscrits, selon le président de la Commission nationale électorale (NEC) Kalisa Mbanda.
SELON CES RESULTATS :
* le Parti social-démocrate (PSD) et le Parti libéral, deux petites formations alliées du FPR, remportent respectivement 13% et 9,38% des voix.
* Un autre parti, le PS-Imberakuri, arrive en troisième position avec un faible score de 0,56%, suivi des quatre petits candidats indépendants, tous sous les 0,5%.
* Seuls le FPR et ses alliés du PSD et du PL comptaient des députés dans la législature écoulée. Eux seuls dépassent à nouveau le seuil des 5% exigés pour être représenté à la Chambre et se partageront les 53 des 80 sièges attribués lundi au suffrage universel direct.
* Mardi, 24 femmes devaient être désignées par des collèges ou conseils nationaux et locaux. Et mercredi deux jeunes et un handicapé seront choisis par leurs représentants respectifs. Officiellement non partisans, mais traditionnellement réputés favorables au pouvoir en raison de leur mode d'élection, ces élus au suffrage indirect devraient venir consolider l'écrasante majorité du FPR à la Chambre.
Seuls les résultats de la diaspora, traditionnellement favorable au FPR, selon le président de la Commission électorale, sont susceptibles de modifier les chiffres à la marge.
Aucun pourcentage n'était disponible dans l'immédiat sur la participation. Mais elle devrait être dans la lignée de celle des législatives de 2008 (98%) et de la présidentielle de 2010 (97%), qui avait vu la réélection du président Kagame avec 93% des voix.
Le PSD et le PL, tous deux présents au gouvernement, sont accusés par certains observateurs occidentaux de « n'être que des formations satellites, servant de faire-valoir au FPR et à légitimer un multipartisme de façade ». Ces deux partis avaient dès avant la clôture du scrutin assuré qu'ils reconnaîtraient les résultats quels qu'ils soient.
KAGAME : "AUCUNE RAISON QUE LE FPR NE GAGNE PAS"
Le PS-Imberakuri, un temps parti d'opposition virulente, dont l'ex-président Bernard Ntaganda est emprisonné depuis 2010 pour atteinte à la sûreté de l'Etat et "divisionisme", est lui soupçonné d'avoir été phagocyté par des partisans du FPR.
"Parmi les divers partis en lice, aucun n'est un parti d'opposition dans le vrai sens du terme, du fait qu'ils ne critiquent pas le FPR et sa politique", avait expliqué lundi à l'AFP Carine Tertsakian de Human Rights Watch (HRW).
Les résultats de 2013 sont largement similaires à ceux des législatives de 2008. Le FPR avait recueilli 78,7% des voix, contre 13,12 au PSD et 7,5% au PL.
Ils sont également conformes aux prévisions des analystes, qui s'attendaient à un scrutin sans surprise, devant déboucher sur une très large victoire du FPR, très puissant et omniprésent à tous les échelons de la société rwandaise.
"Je ne vois pas de raison pour que le FPR ne gagne pas, et même avec un écart important", avait lui-même déclaré le président Kagame, lundi après avoir voté. "Au vu de ce que le FPR a fait pour le pays, il n'y a aucune raison de penser que FPR ne gagnera pas".
KAGAME, OMBRE ET LUMIERE
Côté lumière, le président Kagame est largement crédité de la spectaculaire transformation du pays depuis 20 ans avec une incontestable réussite économique et la forte éradication de la corruption.
Dévasté et traumatisé lorsque les rebelles du FPR prirent le pouvoir en 1994, mettant fin à un génocide qui venait de faire environ 800.000 morts essentiellement dans la minorité tutsi, le Rwanda a enregistré ces dernières années la croissance la plus forte d'Afrique de l'Est.
Mais détracteurs du régime et observateurs dénoncent un monopartisme de fait – bien que onze partis soient enregistrés officiellement – et l'absence de liberté d'expression.
M. Kagame a lundi balayé ses critiques: "Vous avez des yeux? Servez-vous en pour voir ce qu'il se passe tout autour" a-t-il lancé à la presse, en référence au vote en cours.
Côté ombre, les critiques visent la démocratie de façade, mais aussi et surtout la politique extérieure du régime Kagame et ses interventions chez ses voisins. Et particulièrement le rôle du Rwanda dans la crise congolaise.
Ainsi le journaliste Charles Onana (*) met en cause à la fois l’interventionnisme déstabilisateur du Rwanda dans la région des Grands Lacs et singulièrement au Congo (RDC), mais aussi son rôle comme agent des multinationales : « Kagame mène une guerre économique au Congo. Aujourd’hui, on a la démonstration de cette assertion. Depuis longtemps, les gens avaient sous-estimé le rôle du Rwanda comme un sous-traitant des multinationales. Le Rwanda de Kagame est devenu l’avocat de la recolonisation de l’Afrique » …
Luc MICHEL
Pour EODE Press Office
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(*) Lire : Karel HUYBRECHTS & Luc MICHEL pour EODE Think Tank, GEOPOLITIQUE & IDEOLOGIES / L’UE MISE EN CAUSE : « EUROPE, CRIMES ET CENSURE AU CONGO »,