# EODE PRESS OFFICE / ELECTIONS EN NOVOROSSIYA : ENTRETIEN AVEC FABRICE BEAUR, OBSERVATEUR FRANÇAIS (PARTIE 2)

EODE PO - FB sur LVDLR elections au Donbass PART 2 (2014 11 14) FR

Photo : Fabrice BEAUR (SG d’EODE) au Mémorial antifasciste de Saur-Mogila, haut lieu de la Grande Guerre Patriotique, et grande victoire de l’Armée du Donbass en août 2014…

EODE Press Office avec La Voix de la Russie /
2014 11 14 /

SECONDE PARTIE de l’interview de Fabrice BEAUR, SG d’EODE,
sur le Website de la Radio russe LA VOIX DE LA RUSSIE,
interviewé ce 13 novembre 2014 
par le journaliste Mikhail GAMANDIY-EGOROV

# Mikhail Gamandiy-Egorov, La Voix de la Russie : Les pays occidentaux, ou plutôt leurs oligarchies politiques, ont d'ores et déjà déclaré qu'ils ne vont pas reconnaître la légitimité de ce scrutin. De même du côté du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon. Pourquoi selon vous ce refus de reconnaître la volonté démocratique d'une population martyrisée et pourquoi encore et toujours cette constance du deux poids deux mesures ?

Fabrice BEAUR : L'occident est le royaume du double langage. Les élections dans les républiques populaires de Donetsk et de Lugansk sont un défi à l'ordre occidental.
Nous avons à faire face à un refus du choix démocratique des peuples. Cela est caractéristique. Regardez le refus de l'idée même du référendum dans l'Union européenne : en Catalogne, à Venise et ailleurs … Rappelez-vous des résultats des référendums sur « la Constitution de l’UE » en Irlande, en France et aux Pays-Bas. Les peuples avaient dit Non à l'Europe atlantiste anti-démocratique. Le parlementarisme occidental avait alors passer outre à la volonté populaire clairement exprimée. Depuis, l'occident a peur des élections plébiscitaires comme celles que nous venons de voir à Donetsk et Lugansk. Les occidentaux refusent de reconnaître toutes les élections qui ne sont pas contrôlées par eux et dont les résultats ne suivent pas leurs directives. 

Et dans la situation qui nous importe à l'heure actuelle, nous avons une belle démonstration du théâtre démocratique de ces organisations internationales et de ces pays, qui se pavanent revêtus du manteau des Droits de l'Homme à géométrie variable.
Selon l'ordre occidental, donc américain, il existe des peuples qui ont le droit de voter et d'autres non. Le droit de vote étant compris comme le fait d’avaliser les choix que le phare de la démocratie mondiale a auparavant fait pour eux dans sa grande sagesse.

LvdlR : Savez-vous que les autorités putschistes de Kiev ont déclaré que tous les observateurs internationaux ayant participé à l'observation du scrutin dans le Donbass, y compris européens de l’UE et nord-américains, allaient être déclarés persona non-grata en Ukraine ? Que pensez-vous de cela ?

Fabrice BEAUR : J'hésite entre indifférence et mépris. Les observateurs internationaux qui ont participé à la Mission de monitoring du référendum de Crimée et de Sébastopol, organisé déjà par EODE en Mars 2014, sont déjà persona non-grata en Ukraine et ceci dès la veille du référendum de Mars. 
La vérité, c'est que Kiev a peur de la démocratie de l'Est. Kiev a peur que la révolution orange 2.0 du maïdan devienne une réalité populaire et se retourne cette fois-ci contre le pouvoir bandéro-oligarchique. Celui des néofascistes et des oligarques ukrainiens.

LvdlR : Mis à part l'observation lors de ces élections, avez-vous eu l'occasion de discuter avec les habitants du Donbass ? Si oui, quels points essentiels en avez-vous retenus ?

Fabrice BEAUR : Les standards d'EODE pour le monitoring des élections comprennent également une partie de prise de contact direct avec les électeurs, les candidats et les formations politiques. Que serait un processus électoral sans les électeurs ? Là aussi, c'est une chose qui nous différencie d’avec l'OSCE, plus habituée aux réceptions petits-fours, aux conférences de presse convenues et à la tournée des grands ducs dans les bars, qu'au travail sur le terrain jusque dans les petits bureaux de vote bien loin du confort des hôtels 4 ou 5 étoiles. 
C’est la raison pour laquelle lors des élections russes de 2011 et 2012, des observateurs d’EODE, comme Luc MICHEL et moi-même, sommes allés où l’OSCE et ses épigones n’ont jamais été : Novossibirsk (vol de nuit et moins 50°), Kemerovo, Astrakan, Iles du Delta gelé de la Volga, Extrême-Orient russe (à la frontière chinoise), etc …
J'ai donc discuté avec des électeurs devant tous les bureaux de vote que j'ai visité. J'ai pu constater que le peuple du Donbass a un haut degré de conscience politique. Bien supérieur à celle des masses ouest-européennes.

Les gens là-bas comprennent parfaitement les enjeux géopolitiques du conflit qui les touche dans leur chair et dans leur sang. Il n'y a aucune haine contre le peuple ukrainien, aucune. Je n'ai pas rencontré une seule personne qui ait exprimé cela. C'est bel et bien aux politiciens de Kiev que les novorossiyens en veulent. L'ennemi américain est clairement montré du doigt dans son soutien aux forces bandéristes qui les bombardent et qui tuent tous les jours des civils.
Je me souviens plus particulièrement d'un homme qui à ma question « pensez-vous que la négociation soit encore possible avec Kiev ? » m'a répondu : « Kiev ? Je ne veux plus en entendre parler. Ils nous bombardent. Ils nous tuent tous les jours. Femmes, enfants, retraités, cela ne fait aucune différence pour ces gens-là. Nous sommes des « terroristes » pour eux. Moi terroriste ? Est-ce qu'un terroriste les auraient nourri comme je l'ai fait lors des premiers jours quand arrivant dans le Donbass ils n'avaient pas d'eau et encore moins de nourriture ? En remerciement, ce fut une semaine plus tard des tirs pendant une semaine sur notre ville. Alors Kiev ce n'est plus mon affaire ». 
Et combien de fois ai-je entendu pendant mon séjour autant la veille des élections, que le jour même, ou le lendemain lors de mes différents déplacements, la déclaration suivante : « Ici, Bandéra n'est pas notre héros et ne le sera jamais ! »

LvdlR : La démocratie a-t-elle triomphé dans le Donbass ? Comment voyez-vous l'avenir du Donbass qui était le poumon industriel et économique de l'ex-Etat ukrainien ? Plus globalement, comment voyez-vous l'avenir de Novorossiya ?

Fabrice BEAUR : Ces élections sont un pas en avant… irréversible ! Elles ont donné un cadre autant légitime que légal au pouvoir populaire en place à Donetsk et Lugansk. La période de la rébellion est terminée. Nous venons d'assister à la naissance officielle de deux Etats avec toutes leurs institutions dont la légitimité ne peut être contestée de part du parfait déroulement des élections.
Le président de la CEC de la DNR l’a bien exprimé. Les élections présidentielles et législatives dans la République populaire de Donetsk (DNR) ont « définitivement consacré la séparation du Donbass de l'Ukraine », a déclaré ce lundi le chef de la Commission électorale centrale (CEC) de la DNR Roman Liaguine lors d'un point de presse à Donetsk. « Les élections se sont déroulées légitimement et sans aucun incident capable d'en influencer les résultats. Actuellement, nous disposons d'un pouvoir légitime. Le Donbass ne fait plus partie de l'Ukraine, que cela plaise aux autres ou non », a conclu le chef de la CEC.

Et vous faites bien de faire remarquer que le Donbass est essentiel pour l'Ukraine. La perte pour Kiev n'est pas immense, c'est une catastrophe. Car sans les industries du Donbass, l’Etat ukrainien n'est plus viable. C'est le Donbass qui remplissait les caisses de l’Etat ukrainien.
C'est également un coup porté aux oligarques mafieux qui sont la base du pouvoir de la Junte de Kiev. La peur obsessionnelle de la clique au pouvoir à Kiev, c'est de voir le soulèvement populaire se répandre aux autres régions de l'est et du sud. Car la Novorossiya, ce n'est pas que Donetsk ou Lugansk mais un projet qui concerne aussi sept autres républiques populaires jusqu'à la frontière roumaine, jusqu'à la Priednestrovié pro-russe.
Au Donbass comme en Crimée, ce sont des peuples qui contestent le Nouvel ordre mondial américain. Il n'y a que ceux qui ne comprennent pas le « monde russe » pour croire qu'il est possible de revenir en arrière. Le sang à coulé comme Kiev l’a voulu ! L'Ukraine est morte. C'était déjà ma conviction depuis le massacre fasciste d'Odessa. Kiev a perdu les coeurs dans le Donbass. Car les âmes ont toujours été russes et rien d'autres depuis que cette terre a été reconquise hier par l'Empire russe de la Grande Catherine.

Alors quel avenir ? Impossible de prédire. Bien heureux qui pourra prédire ce que vont donner les événements futurs. Ce qui est sur, c'est que je ne crois pas en des négociations avec Kiev. Le parti de la guerre a gagné à Kiev. La CIA aux commandes, l'auto-intoxication de la Junte et la folie semblent avoir emporté la partie à Kiev. 
Lors de mes rencontres avec différents officiels de la République populaire de Donetsk, dont le 1er ministre de la DNR Zakarentko, élu président dimanche, j'ai toujours entendu que bien que donnant sa chance à la Paix, la DNR comme la LNR ne croyaient pas que Kiev soit de bonne volonté. Ils attendent tous la nouvelle offensive générale de Kiev. Et se disent prêt ! Bien qu'en infériorité matérielle (Kiev a trois fois plus d'artillerie, une aviation et encore de nombreux blindés) ils ont confiance. Si la démoralisation est une plaie dans le camps d'en face, cela est totalement différent dans les rangs de l'Armée du Donbass. « Nous savons pourquoi nous nous battons. Pour notre terre ! Pour nos maisons ! Pour nos familles ! Pour nos camarades tombés face au fascisme ukrainien ! » affirment-ils tous … 

LvdlR : Votre ONG EODE (Eurasian Observatory for Democracy & Elections) fait l'objet, suite à votre mission, d'une campagne d'attaques haineuses et diffamatoires dans les media occidentaux. Pourquoi cet acharnement contre EODE ?

Fabrice BEAUR : Tout simplement parce que notre ONG EODE défie l'OSCE, l'OTAN, l'UE et Kiev directement.
Auparavant le monitoring des élections était leur chasse gardée. Ils remettaient les bons et les mauvais points selon leur agenda politique. Et surtout choisissaient seuls de valider ou non une élection ou un référendum en y envoyant une mission ou pas. Combien d'élections où l'OSCE donnait le pourcentage des « fraudes » la veille de l'élection ! Combien de Rapport de mission déjà disponible avant même le déplacement des observateurs de l'OSCE !
EODE et ses partenaires, car nous sommes un réseau international d’ONG, apporte ce qu'ils entendent refuser : la présence d'une mission internationale de monitoring qui valide, selon les propres critères de l'OSCE et sa méthodologie, une élection.

Pour cette mission au Donbass, on a déjà publié contre nous des dizaines d'articles diffamatoires et haineux, plein de mensonges. Nous en avions eu plus de 1.800 en mars contre la Mission internationale de monitoring du référendum en Crimée et à Sébastopol que nous avions organisé alors. Ce sont toujours les mêmes qui nous attaquent : des offices barbouzardes, les médias de l'OTAN, les réseaux Sorös ou encore BHL et le journal du fils Khodorovsky.
Les médiamensonges sont grossiers et repris sans contrôle par les médias de l’OTAN. Le plus flagrant est de traiter notre Administrateur-général Luc MICHEL de « néonazi » (sic). La fameuse reductio ad hitlerium qui est au parlementarisme occidental, le même qui soutient les néofascistes à Kiev et à Moscou, ce qu’était l’excommunication à l’Eglise catholique jadis … Le souci est que Luc MICHEL est le fondateur du Réseau antifasciste EUROPÄISCHER WIDERSTAND (Résistance européenne), au palmarès impressionnant en Belgique depuis vingt ans, où il a brisé les reins à l’extrême-droite francophone. Moi même je suis aussi taxé de « néofasciste » (resic) alors qu’en 1998 je présentais une liste à Toulon à une élection partielle à l’intitulé sans équivoque : « PCN. Les jeunes contre Le Pen et pour l’interdiction du FN ». Curieux « néofascistes » qui n’ont aucune leçon à recevoir des antifascistes de salon au service des Etats et des services français et belges …
En plus des mensonges, des diffamations et des insultes qui révèlent le manque d'argument politique de ces gens-là, nous avons aussi eu le droit cette fois-ci à une avalanche de haine et de menaces.

Mais cela ne nous fera pas reculer. Tout au contraire. EODE entend bien participer à l'élaboration d'un monde multipolaire où les peuples pourront décider librement de leur destin politique sans interférences extérieures.
Nous sommes l'anti-OSCE et nous en sommes fier. La prétention et l’arrogance des organismes de monitoring occidentaux qui entendent s’arroger le monopole de l’observation électorale est inacceptable et intolérable. Nous entendons bien aller partout en Eurasie et en Afrique (EODE a un Réseau panafricain EODE AFRICA et a par exemple monitoré les sénatoriales 2013 au Cameroun) pour mener nos missions de monitoring électoral et d'expertise dans le cadre légal et le respect des états.

# L’article original de LA VOIX DE LA RUSSIE sur :
http://french.ruvr.ru/2014_11_13/Elections-a-Novorossia-Entretien-avec-Fabrice-Beaur-observateur-francais-Partie-2-3795

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