Par FABRICE BEAUR (ФАБРИС БЭОР), 10 janvier 2021, 14H30 /
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L’« opposition » biélorusse a publié début décembre un document présentant les variantes de l'évolution du pays. Une vision produite depuis l'étranger par le siège de l’ex-candidate à la présidence de la Biélorussie Svetlana Tikhanovskaya
Il y a six scénarios. Les voici :
1. Le président ou la direction du pays va négocier avec l'opposition sur la tenue de nouvelles élections.
2. Le poste de président devient vacant en raison de la démission ou de l'arrestation de Loukachenko et de nouvelles élections ont lieu.
3. Les dirigeants du pays renforcent la lutte contre les manifestations, l'état d'urgence et la loi martiale sont introduits.
4. Faire traîner la réforme constitutionnelle produit un retard entre les trois premiers scénarios pour aboutir au printemps.
5. L'introduction de troupes russes dans la république et (ou) son incorporation dans la Fédération de Russie.
6. Coup d'État militaire ou de la nomenklatura.
QUE PENSER DES SCENARIOS DE L’OPPOSITION PRO-OCCIDENTALE ?
Vladimir Zharikhin, analyste russe pour les pays de la CEI, a été interrogé par le journal « komsomolskaya pravda ».
– Dans les scénarios du quartier général de Tikhanovskaya, il y a « une invasion de troupes de l'est ». Que pouvez-vous nous dire à propos de cela ?
– Le quartier général de Tikhanovskaya envisage-t-il d'envoyer des troupes russes en Biélorussie ? Ont-ils déjà présenté leurs plans à l'état-major russe ? Quelle division à envoyer ?
– Vous êtes ironique, mais qu’en est-il à propos du coup d'État militaire à Minsk ?
– Ce plan, tout d'abord, est fait pour vous. Ces personnes doivent justifier le manque d’action concrète de leur part. Ils doivent faire de tels « plans ». Bien que, d'une manière générale, lorsqu'il y a six scénarios dans le plan à la fois, cela suggère qu'il n'y en a pas.
– C'est à dire ?
– Une démonstration aussi claire des plans suggère qu'ils ne vont pas les mettre en œuvre. Les plans de ce type ne sont pas rendus publics, ils sont en cours de mise en œuvre. Quand vous dites à votre adversaire « gardez à l'esprit, je vais agir comme ça ! », alors vous ne vous souciez pas, plus de la réaction de l'ennemi.
– Et de ne pas se soucier de quoi ?
– Vous devez rendre compte « au client » du travail effectué. Et il n'est pas réaliste de mettre en œuvre ce qui est écrit. Dans les 6 scénarios, la position du quartier général de Tikhanovskaya est considérée comme passive.
– L'opposition est « pendante » ?
– Une force externe fait quelque chose, et ces gars viendront quand tout sera prêt. Comme un prince sur un cheval blanc. Ils ne prescrivent même pas leurs actions dans les scripts car ils ne savent pas exactement quoi faire. C'est leur problème.
– Loukachenko a également évoqué des scénarios possibles après l'adoption de la nouvelle constitution.
– Alexander Grigorievich a estimé qu'il ne serait pas démoli dans un proche avenir. Et il a, en effet, « ressuscité ». C’est pourquoi la nouvelle constitution est en quelque sorte oubliée. Et plus encore sur de nouvelles élections. Encore une fois, il est revenu à un sujet favori : une baisse des prix pour quelque chose fourni par la Russie.
– Autrement dit, les scénarios de l’opposition que le siège de Tikhanovskaya publie pour exiger des négociations avec ou démission du président, ne conduisent à aucun dialogue ?
– Pour mener un dialogue, vous devez au moins apparaître dans le pays. Lénine a passé beaucoup de temps à l’étranger, mais en avril 1917, il atteint Petrograd. Et ce n'est qu'après cela que les autorités ont commencé à lui parler. S'il était resté en Suisse, personne n’aurait discuté de quoi que ce soit avec lui. Et « le quartier général de Tikhanovskaya » a son « siège en Suisse ». Jusqu'en février 1917, Vladimir Ilyich avait comme projet de rester longtemps dans un pays chaleureux au milieu des montagnes.
– L'une des variantes du scénario biélorusse est « l'invasion de l'Est ». Autrement dit, les « mauvais Russes » ?
– Pour eux, l'entrée de troupes russes aurait été la plus souhaitable. C’est pourquoi disent-ils qu’ils ont quitté Minsk parce que des « forces spéciales russes » armés jusqu'aux dents étaient déjà aux frontières. Dans ce cas, ils auraient eu à faire face aux glorieux opposants héroïques.
– Un tel non-sens est vendu en Occident ?
– En fait, la partie Russie n'a besoin d'être introduite. Moscou a longtemps dit : c'est un endroit où il n'y aura pas de troupes étrangères. Mais si des étrangers apparaissent soudainement, les nôtres apparaîtront immédiatement. Après cela, l'enthousiasme des voisins de la Pologne et de la Lituanie a fortement diminué. Mais, en général, la Biélorussie est sous le « parapluie nucléaire » russe ; ce que Minsk utilise. Et aucune action extérieure n'est nécessaire…
– Tikhanovskaya a-t-elle participé à la rédaction de ce scénario ?
– Elle a une formation philologique. Je pourrais placer des virgules comme un éditeur littéraire.
Comme nous pouvons le voir, la dernière tentative de coup de force lors des dernières élections au Bélarus n’a pas réussi. Mais la révolution orange est un processus sur le long terme. Ce n’est ni la première, ni la dernière tentative.
Le Bélarus est géostratégiquement important pour plusieurs raisons. C’est l’État le plus proche de la Russie dans tous les domaines (politique, économique, militaire, culturel …). Il est une tête de pont de la défense russe dans le flanc nord-est de l’OTAN. Les forces militaires du Bélarus sont intégrées dans une défense commune, tout particulièrement la défense anti-aérienne. Ainsi, c’est aussi une cible de l’OTAN qui voudrait digérer le pays pour placer encore plus près des frontières ses bases de missiles. L’objectif étant de réduire au maximum le temps de réaction disponible à la défense anti-aérienne de la Fédération de Russie en cas d’attaque de l’OTAN sur les villes de Moscou, Saint-Petersburg et autres. Moscou ne peut accepter cela. Il en va de la sécurité de ses capitales.
Vous devez aussi prendre en compte que les perspectives pour 2021 et 2022 ne sont pas au beau fixe pour Moscou. La Russie devra faire face à un moment à la politique anti-russe du Régime d’Erdogan en Transcaucasie et en Asie centrale. Sans parler de sa coopération avec le Régime néo-bandériste à Kiev avec une forte probabilité d’une tentative de Blitzkrieg dans le Donbass contre les républiques populaires de Donetsk et de Lougansk.
La politique des néoconservateurs nord-américains et de ceux à passeports européens est toujours la même : « contenir » la Russie pour ériger un mur toujours plus haut entre les deux Europe. Car l’union de ces deux Europe signifierait la fin de la présence militaire US sur notre continent européen. Et cela est impossible pour Washington qui via le truchement de l’OTAN, outil de sa domination politico-militaire sur sa première et meilleure colonie, doit agir fermement pour cette perspective malheureuse pour elle.
C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre que le Pentagone mise aujourd’hui sur la Pologne et la Roumanie dans son offensive géostratégique contre la Russie. Une Grande Pologne et une Grande Roumanie fantasmée en opposition avec Moscou. Perspective : le plan de certains néoconservateurs US de démantèlement de la Russie pour 2040 et de la Chine par la suite en 2050.
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