Luc MICHEL for EODE Think Tank /
With EODE Zone Africa – AFP – Reuters -2013 03 30 /
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Kenya: la justice confirme l'élection de Kenyatta, Odinga reconnait sa défaite.
Mais les émeutes ravagent déjà la capitale et l’ouest du pays ..
1ère Partie :
KENYA REPORT 2013 / LA PRESIDENTIELLE 2013 SOUS HAUTE TENSION
Sur https://www.eode.org/eode-think-tank-kenya-report-2013-la-presidentielle-2013-sous-haute-tension/
2e Partie :
KENYA REPORT 2013 – 2e Partie / LE KENYA EN ATTENTE DES RESULTATS DE LA PRESIDENTIELLE, KENYATTA EN TETE
Sur https://www.eode.org/eode-think-tank-kenya-report-2013-2e-partie-le-kenya-en-attente-des-resultats-de-la-presidentielle-kenyatta-en-tete/
3e Partie :
KENYA REPORT 2013 – 3e Partie / UN SCRUTIN CHAOTIQUE QUI OUVRE LA PORTE A TOUTES LES CONTESTATIONS
Sur https://www.eode.org/eode-think-tank-kenya-report-2013-3e-partie-un-scrutin-chaotique-qui-ouvre-la-porte-a-toutes-les-contestations/
La Cour suprême du Kenya a confirmé ce samedi l'élection de Uhuru Kenyatta à la présidence du pays, rejetant le recours pour irrégularités de son rival Raila Odinga, qui a reconnu sa défaite « au nom de l'unité du pays ».
Des heurts entre jeunes et policiers ont aussitôt éclaté dans la région de Kisumu, bastion de M. Odinga dans l'ouest du pays, faisant au moins deux blessés par balles, a constaté un journaliste de l'AFP, avant que les manifestants soient dispersés en début de soirée.
LA COUR SUPREME DECLARE LA VICTOIRE DEFINITIVE DE U. KENYATTA
La Cour suprême du Kenya, saisie par Raila Odinga et par plusieurs associations citoyennes, a confirmé samedi la validité de l'élection de Uhuru Kenyatta à la présidence du pays. Les six juges ont estimé à l'unanimité que l'élection avait été "libre, équitable, transparente et crédible", rejetant ainsi les accusations d'irrégularités massives avancées par M. Odinga.
« Les six juges de la plus haute juridiction du Kenya ont douché ce samedi les derniers espoirs de M. Odinga », commente l’AFP. En estimant à l'unanimité que ce dernier avait perdu à l'issue d'un scrutin « libre, équitable, transparent et crédible », selon le président de cette cour, Willy Mutunga.
La Cour suprême, à qui le Premier ministre sortant en avait appelé après sa nette défaite face à M. Kenyatta, a jugé que ce dernier et son colistier William Ruto « avaient été valablement élus président et vice-président ».
Cette décision n'est susceptible d'aucun recours, rendant le résultat de la présidentielle définitif et ouvrant la voie à l'investiture de M. Kenyatta, prévue le 9 avril.
M. Odinga a reconnu sa défaite, et « souhaité bonne chance au président élu Uhuru Kenyatta », 51 ans, fils du premier président du Kenya.
"La Cour suprême a parlé", et "jeter le doute (sur cette décision) mènerait à l'instabilité politique et économique", a fait valoir M. Odinga. L'annonce de sa précédente défaite, alors face au président sortant Mwai Kibaki en décembre 2007, avait débouché sur les plus graves violences au Kenya depuis l'indépendance (plus de 1.000 morts et 600.000 déplacés). "Bien que nous puissions ne pas être d'accord avec la totalité (du jugement), notre foi dans le constitutionnalisme est (notre valeur) suprême", a poursuivi le Premier ministre sortant.
LES OCCIDENTAUX EN PORTE-A-FAUX
Le président français François Hollande et le Premier ministre britannique David Cameron, ainsi que la Commission européenne, ont félicité – sans doute la mort dans l’âme parce que Kenyatta n’était pas, et c’est un euphémisme, le candidat de l’Occident – samedi M. Kenyatta, ce qu'ils s'étaient abstenus de faire en attendant l'issue du recours en justice, contrairement à la Chine et à de nombreux pays africains.
MM. Kenyatta et Ruto sont en effet poursuivis par la Cour pénale internationale (CPI) – aux mains des occidentaux – pour crimes contre l'humanité « pour leur participation présumée aux violences ayant suivi le précédent scrutin présidentiel de décembre 2007 ».
Plusieurs ambassadeurs européens, dont le français et le britannique, avaient fait savoir avant le scrutin qu'ils limiteraient aux "contacts essentiels" leurs relations avec M. Kenyatta s'il était élu. Ce qui est une ingérence incontestable dans l’élection d’un pays souverain.
LE KENYA DEMONTRE LA STABILITE DE SES INSTITUTIONS
La décision de la Cour, créée par la Constitution de 2010, était guettée avec énormément d'attention au Kenya et « perçue comme un test pour cette institution à la réputation encore intacte dans le pays », selon les analystes.
« En ce moment historique, la Cour suprême a rempli son devoir constitutionnel. C'est désormais au peuple kényan, à ses dirigeants, à la société civile, au secteur privé et aux médias de remplir le leur, afin de garantir que l'unité, la paix, la souveraineté et la prospérité de cette nation soient préservées », a déclaré M. Mutunga après lecture de l'arrêt de la Cour.
Les audiences de la Cour, devant laquelle les avocats des camps Kenyatta et Odinga, des associations requérantes et de l'IEBC avaient exposé arguments et contre-arguments, avaient été retransmises en direct et en intégralité sur plusieurs chaînes de télévision et largement suivies dans le pays.
La Commission électorale kényane (IEBC) avait proclamé le 9 mars M. Kenyatta vainqueur avec 50,07% des suffrages au premier tour et 8.000 voix seulement au dessus de la barre de la majorité absolue des votants exigée par la Constitution.
Le camp Odinga et les associations requérantes arguaient d'irrégularités dans la liste électorale, lors du scrutin et de son dépouillement.
Les arguments de la Cour n'ont pas été dévoilés dans l'immédiat. "Le jugement détaillé contenant les raisons de la décision de la Cour sera publié dans les deux semaines", a expliqué son président.
Le scrutin et la proclamation des résultats de la présidentielle du 4 mars se sont déroulés sans incident notable, démentant les craintes d'une répétition des terribles violences sur lesquelles avait débouché la précédente présidentielle.
ODINGA RECONNAIT LA VICTOIRE DU PRESIDENT ELU KENYATTA
Le Premier ministre sortant du Kenya, Raila Odinga, a donc reconnu dès ce samedi la victoire du président élu Uhuru Kenyatta et lui a "souhaité bonne chance", après la confirmation par la Cour suprême du résultat de la présidentielle du 4 mars.
M. Odinga a estimé dans une intervention devant la presse que "la Cour suprême avait parlé" en validant samedi l'élection de son rival et que "jeter le doute (sur cette décision) mènerait à l'instabilité politique et économique", ce qu'il se refusait à faire.
M. Odinga, largement devancé par M. Kenyatta selon les résultats officiels de l'élection présidentielle, a estimé que la décision de justice, même si elle lui était défavorable, "constituait une nouvelle étape dans la longue route vers la démocratie". Il "a émis l'espoir que le nouveau gouvernement serait fidèle à la Constitution" approuvée par référendum en 2010, en bonne partie à son initiative, et destinée à mettre un terme à une longue tradition d'impunité au Kenya.
EMEUTES DANS LA CAPITALE ET L’OUEST DU PAYS …
Mais les mauvais souvenirs sanglants de 2007 se rappellent aussi aux Kenyans.
Des émeutes ont en effet fait au moins 2 blessés par balle dans des heurts entre pro-Odinga et la police dans l’Ouest. Un responsable de la police à Kisumu a de son côté fait état, sous le couvert de l'anonymat, « de trois personnes blessées par balles par des policiers ».
La police, qui avait prévenu « qu'elle n'accepterait aucun débordement après la décision de justice », a également dispersé en fin d'après-midi à coups de gaz lacrymogènes environ 200 jeunes partisans du candidat battu qui défilaient aux cris de "Raila, Raila" dans le centre de Nairobi.
Des incidents et des tensions ont également été rapportés dans des bidonvilles, fiefs de M. Odinga dans la capitale kényane. Le chef de la police de Nairobi a annoncé l'envoi de renforts dans ces quartiers, évoquant des "affrontements" sans plus de précision.
« Au moins deux Kényans ont été blessés par balle au cours d'affrontements samedi à Kisumu » (ouest) entre policiers et jeunes partisans de Raila Odinga, peu après la confirmation par la Cour suprême de la victoire de son rival Uhuru Kenyatta à la présidentielle du 4 mars, selon un correspondant de l'AFP sur place. A Kisumu, ainsi qu'à Homa Bay, deux fiefs de M. Odinga distants d'une centaine de km, « la police a réussi en début de soirée à disperser une centaine de jeunes brûlant des pneus et jetant des pierres. Divers incidents, à l'ampleur encore indéfinie, ont également été signalés dans deux bidonvilles de Nairobi, fiefs de M. Odinga ».
Le correspondant de l'AFP à Kisumu a « vu deux hommes touchés par balles dans des affrontements avec la police, des manifestants ont jeté des pierres sur la police et enflammé des pneus ». Un responsable policier à Kisumu a indiqué, sous le couvert de l'anonymat, que « trois personnes avaient été blessées par balle par la police ». Selon ce responsable, « plusieurs routes avaient été bloquées par des barricades enflammées et des pillards ont profité de la situation ». A Nairobi, des habitants du bidonville de Kawangware ont indiqué que « la police avait tiré des gaz lacrymogènes contre des partisans de Raila Odinga, mais que la situation était en train de se calmer » en début de soirée, alors que la nuit est tombée sur la capitale.
LM