# LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/ LA CONTRE-OFFENSIVE UKRAINIENNE ENTAMEE AU DEBUT DE L’ETE EST LENTE, INEFFICACE, MAL PREPAREE

 

LM.GEOPOL - V-2023 échec ukr V (2023 09 04)

 

Le Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
de LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ)/
2023 09 04/ Série V/

« Kiev exaspérée par les critiques » (analyse AFP).
La contre-offensive ukrainienne entamée au début de l'été est-elle lente, inefficace, mal préparée ? Face aux critiques plus ou moins voilées, Kiev s'exaspère et réclame, encore et encore, plus d'armes et de munitions pour gagner la guerre.

Depuis un mois, dans ce qui ressemble fort à des fuites organisées, les médias américains citent des responsables militaires à Washington requérant l'anonymat critiques de la stratégie ukrainienne.
En substance, ils reprochent à Kiev une certaine dispersion, qui empêcherait son armée d'engager suffisamment de forces au bon endroit pour enfoncer les troupes russes.

"Récemment, un nouveau récit a commencé à prendre racine (…) notamment de la part de responsables du Pentagone, selon lesquels l'offensive se révèle en réalité une vraie déception", écrivait fin août Lawrence Freedman, du King's College de Londres. "Des questions se posent de savoir si l'Ukraine pourra jamais gagner".

QUAND LES MICROS SONT OUVERTS, LE TON RESTE POLICE.

L'offensive "est lente. C'est sanglant, il y a beaucoup de pertes de part et d'autres", a admis auprès de l'AFP le chef d'état-major américain, Mark Milley.

Mais le général polonais à la retraite Boguslaw Pacek a estimé, sur le site internet Biznesalert, que le rythme de la contre-offensive ne permettait "pas d'espérer qu'elle atteigne ses objectifs avant la saison des pluies de cette année".

Robert Brieger, le président du comité militaire de l'Union européenne, va même plus loin dans le quotidien Die Welt. "On peut se demander si la pleine souveraineté de l'Ukraine peut être rétablie avec les moyens disponibles", a-t-il déclaré. "Une victoire militaire de l'Ukraine peut constituer une issue séduisante (sic) à cette guerre mais ce n'est pas prévisible".

Jeudi, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba s'est rebiffé. "Critiquer la lenteur de la contre-offensive revient à cracher à la figure du soldat ukrainien qui sacrifie sa vie", a-t-il lancé en marge d'une réunion des ministres des Affaires étrangères des Etats de l'UE en Espagne.

"Je suggère à tous ceux qui critiquent de la fermer, de venir en Ukraine et d'essayer de libérer un centimètre carré par eux-mêmes".

LES CRITIQUES, DE FAIT, NE SONT PAS EXEMPTES D'ARRIERE-PENSEES POLITIQUES.

A un an de la présidentielle aux Etats-Unis, "il y a la volonté d'obtenir des résultats assez vite (…) et de montrer que l'aide américaine sert à quelque chose", juge l'historien militaire Michel Goya.

"Les gens (…) essayent souvent d'assigner la défaite à l'un ou à l'autre et il y a beaucoup de disputes entre alliés", confirme l'expert Michael Kofman, dans un podcast sur le site en ligne War on the Rocks.
"La stratégie militaire (…) est clairement celle de l'Ukraine (mais) elle est aussi fondamentalement façonnée par le soutien occidental et par ses lacunes", insiste-t-il. "Les deux sont fondamentalement imbriqués l'un dans l'autre".

De ce point de vue, l'Ukraine a le mérite de la constance : le président Volodymyr Zelensky n'a cessé de demander plus d'armes à ses alliés.

Dans une de ces campagnes de communication qu'il affectionne, son ministère de la Défense a posté jeudi sur X (ex-Twitter) un clip avec ce commentaire : "Tout le monde est désormais un expert de comment nous devrions nous battre. Rappel poli que personne ne comprend cette guerre mieux que nous".

Et entre deux images de tirs d'artillerie et de vieilles femmes embrassant des soldats, le clip insiste : "nous voudrions humblement vous rappeler que si on écoutait ce que disaient les non-Ukrainiens en février 2022, nous n'existerions plus. Nous avons besoin de munitions, pas de conseils".

EN FILIGRANE SE JOUE LA PERENNITE DU SOUTIEN OCCIDENTAL.

"Il y a une différence fondamentale entre dire que la contre-offensive est lente et dire qu'elle échoue. L'idée de l'échec reprend un argument de Poutine", avertit Phillips O'Brien, professeur à l'université de St Andrews, en Ecosse.

"Il y a eu des questions en Ukraine sur à quel point les partenaires de Kiev partageaient vraiment ses objectifs militaires – c'est-à-dire pleinement rétablir l'intégrité territoriale du pays", explique-t-il à l'AFP.

Certains espèrent peut-être un compromis avec la Russie, quitte à lâcher du terrain.
Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ)

* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
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