LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
2018 03 07/
Jean-Yves Le Drian est venu ce 5 mars à Téhéran, à la tête d'une importante délégation. Outre son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif il a rencontré ce lundi le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, Ali Chamkhani et le président, Hassan Rohani. Les entretiens entre Le Drian et les responsables iraniens avaient à leur ordre du jour l’essor des relations bilatérales et les questions les plus importantes du Moyen-Orient et du monde. Dont notamment des entretiens au sujet du programme balistique de l'Iran ainsi que de son rôle en Syrie.
Lors de ce déplacement le diplomate français, qui est aussi et surtout le « parrain géopolitique » de Macron, a déclaré que « le programme de missiles balistiques relevait de la souveraineté des Iraniens qui n'ont pas l'intention de la restreindre à la satisfaction des Européens ou des Américains ». Dans ce droit fil, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Bahram Qassemi, a déclaré que « la République islamique d’Iran ne permettrait à personne de parler de la restriction des capacités défensives et dissuasives d’un Iran paisible ou de tenter de porter atteinte à l’Iran dans le cadre d’une politique de deux poids deux mesures ». Le but de la venue du ministre français des AE à Téhéran, était de pouvoir maintenir l'accord nucléaire tout en forçant l'Iran à négocier ses capacités balistiques.
DIPLOMATIE CULTURELLE FRANCAISE
Rappelons aussi rapidement le volet « diplomatie culturelle » de ce voyage, cet élément central du « soft power » français (1) : Le ministre français des Affaires étrangères a inauguré ce 5 mars une exposition exceptionnelle « Le musée du Louvre à Téhéran – Trésors des collections nationales françaises » au musée national d’Iran, en présence de Jean-Luc Martinez, président directeur du musée du Louvre (2). Le fossé entre Paris et Téhéran montre toutes les limites de ce « soft power », malgré le succès annoncé de cette exposition, qui profitera surtout à Téhéran …
QUE VOULAIT LE DRIAN A TEHERAN ?
Pourtant, à peine quelques heures avant ce déplacement, le ministère français des AE avait publié un communiqué qui insiste sur « l’importance du respect de l’accord nucléaire par toutes les parties », mais menace l’Iran de « nouvelles sanctions s’il ne prend pas en compte les préoccupations à propos de son programme balistique ». Parallèlement, la France refuse étrangement d’évoquer le volume très important des échanges économiques entre l’Iran et la France.
De plus, le communiqué du ministère français des AE a été publié quelques heures après un article paru dans le quotidien ‘Les Échos’ écrit par Aliza Bin-Noun, l’ambassadrice d’Israël en France. Dans cet article, l'ambassadrice appelle la France à « ne pas laisser l’Iran imposer son hégémonie au Proche-Orient ».
Extrêmement hostile, les médias iraniens posaient la question centrale : « Pour qui va ramer Le Drian durant cette visite ? La France, les USA ou Israël ? »
Entre les souhaits de Le Drian et la réalité, il y a un immense fossé. Même l’ancien ambassadeur français à Téhéran reconnaît que « l’Iran ne renoncera jamais à son programme balistique à la satisfaction des États-Unis ou de l’Europe ». « L'Iran ne va pas renoncer à sa capacité balistique pour satisfaire les Européens et les Américains » a déclaré François Nicoullaud, ancien ambassadeur français à Téhéran, répondant au journaliste d'AFP qui l'interrogeait à l'occasion de la visite en Iran du patron du Quai d'Orsay, Jean-Yves Le Drian.
MISSILES IRANIENS : QUAND LE DRIAN BRANDIT COMME TRUMP LA MENACE D’UN NOUVEAU TRAIN DE SANCTIONS
Le ministre français des Affaires étrangères a aussi menacé l’Iran de « nouvelles sanctions », à peine quelques heures avant son déplacement à Téhéran, capitale iranienne. Interviewé par l’hebdomadaire français ‘Le Journal du dimanche’, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a déclaré que « l’Iran ferait l’objet de nouvelles sanctions s’il ne prenait pas en compte les préoccupations à propos de son programme balistique ».
« Les missiles balistiques de l’Iran ont la capacité de prendre pour cible des localités à des milliers de kilomètres. Cela contredit les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et dépasse le besoin de Téhéran de défendre ses frontières. Il existe un risque de nouvelles sanctions contre l’Iran si celui-ci ne prend pas en compte les inquiétudes à propos de son programme balistique », avait expliqué Jean-Yves Le Drian.
LE DRIAN EN IRAN : MISSION IMPOSSIBLE ?
La diplomatie française a publié, sur son site web officiel, un communiqué détaillant la visite de M. Le Drian à Téhéran : « Dans l’esprit de l’accord nucléaire obtenu le 14 juillet 2015, la France entend poursuivre la voie d’un dialogue franc et exigeant avec l’Iran. A cet effet, M. Jean-Yves Le Drian abordera avec ses interlocuteurs trois sujets principaux »
Il s’agit de :
– « L’accord nucléaire : La France est déterminée à préserver ce bon accord et est attachée au nécessaire respect par toutes les parties de leurs engagements. Le JCPoA donne des garanties robustes contre le risque de détournement du programme nucléaire iranien à des fins militaires. À cet égard, l’Iran doit continuer de mettre en œuvre rigoureusement les obligations qui lui incombent ; parallèlement, il est important pour nous, comme pour l’Iran, que la reprise des échanges et des investissements européens dans ce pays se poursuive ».
– « Le programme balistique iranien : Comme la France l’a rappelé à plusieurs reprises, le programme balistique iranien est une source de préoccupation majeure pour la France et ses partenaires. Celui-ci n’est pas conforme à la résolution 2231 du Conseil de sécurité et est un facteur de déstabilisation de la région. Nous exprimons également des préoccupations quant à la question des transferts de missiles et à une assistance de l’Iran à des pays et entités non étatiques de la région. C’est pourquoi nous souhaitons engager un dialogue de vérité avec l’Iran sur ce sujet ».
– « L’action régionale de l’Iran emporte également des conséquences déstabilisantes pour la région. Nous souhaitons que ce pays contribue positivement à la résolution des crises au Moyen-Orient, dans le respect de la souveraineté des États. À cet égard, la crise en Syrie et la situation humanitaire qui y prévaut seront particulièrement abordées, au côté des autres dossiers régionaux dans lesquels l’Iran est impliqué (Yémen, Liban, Irak). »
Un agenda autiste, centré sur les positions des USA et deTel-Aviv contre l’Iran et qui inaugurait mal du volet économique du voyage de Le Drian :
« Le déplacement du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères vise également à approfondir la relation bilatérale entre nos deux pays, sur la base du cadre fixé lors de la visite à Paris du président Rohani en 2016. Nous souhaitons poursuivre notre dialogue sur le long terme, dans tous les domaines, en favorisant les échanges culturels, scientifiques et humains entre nos sociétés. C’est dans cet esprit que M. Le Drian inaugurera l’exposition “Le musée du Louvre à Téhéran” lors de son déplacement, témoignage de la pérennité de la relation culturelle franco-iranienne. Cette exposition retrace l’histoire du palais et du musée du Louvre. »
Le presse iranienne a répondu sèchement au ministre français : « Une chose est à souligner ici : le ministre français des Affaires étrangères, au lieu de demander à Téhéran de répondre aux préoccupations de Paris, devrait répondre d’abord aux inquiétudes de Téhéran concernant le soutien de la France au groupe terroriste de l’Organisation des moudjahidin du peuple iranien (plus connus en Iran sous le nom de Monafeghines, « hypocrites » en français) », a dit Fars. Ajoutant que « Le Drian ne ferait-il pas mieux d’écouter les préoccupations de Téhéran au lieu de lui parler des siennes ? »
MACRON S’ALIGNE SUR TRUMP …
Le 13 février 2018, le président français Emmanuel Macron a réclamé « l’intensification des enquêtes internationales sur le programme balistique iranien ». C’est le premier dirigeant d’un pays européen à parler d’un « accord complémentaire » juste après que le président américain Donald Trump se fut prononcé au détriment de l’accord nucléaire.
Au lendemain des propos d’Emmanuel Macron sur un « accord complémentaire », le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Bahram Qassemi, a déclaré que « la République islamique d’Iran ne permettrait à personne de parler de la restriction des capacités défensives et dissuasives d’un Iran paisible ou de tenter de porter atteinte à l’Iran dans le cadre d’une politique du deux poids deux mesures ».
Le chef de la diplomatie française est le premier haut responsable des trois pays de l'Union européenne parties à l'accord sur le nucléaire iranien (Allemagne, France et Grande-Bretagne) à venir à Téhéran depuis l'ultimatum posé en janvier par Donald Trump à propos de ce texte, présenté par ses partisans comme le meilleur moyen d'empêcher l'Iran de se doter de l'arme atomique. Le président américain, pour qui il s'agirait d'un des pires accords jamais accepté par les États-Unis, a donné jusqu'au 12 mai aux Européens pour remédier aux "terribles lacunes" de ce texte conclu en 2015, faute de quoi Washington en sortira et réintroduira des sanctions contre l'Iran.
Selon le ministère des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif a déclaré à Jean-Yves Le Drian que l'Europe pouvait « jouer un rôle plus constructif pour préserver l'accord de 2015 en faisant pression sur les États-Unis pour qu'ils appliquent leurs engagements ». Dans un entretien publié dans la presse, Mohammad Javad Zarif avait dénoncé plus tôt « l'extrémisme dont font preuve selon lui les pays européens pour conserver les États-Unis dans l'accord sur le nucléaire iranien. Cette attitude nuira en fin de compte à la politique de l'Europe », a-t-il averti.
… MAIS REAFFIRME L’ATTACHEMENT DE LA FRANCE A L’ACCORD NUCLEAIRE
Le président français a en effet téléphoné à son homologue iranien quelques heures avant l’arrivée à Téhéran de son ministre des Affaires étrangères. Ce dimanche 4 mars, le président français Emmanuel Macron a contacté son homologue iranien Hassan Rohani afin de lui parler d’un éventail de sujets, dont et surtout l’accord nucléaire. Lors de cette discussion téléphonique, Emmanuel Macron a demandé à M. Rohani « d’exercer les pressions nécessaires sur le gouvernement syrien pour qu’il mette un terme à ce que la France appelle les ‘attaques indiscriminées contre la population assiégée de la Ghouta orientale’. »
Emmanuel Macron a ensuite « réaffirmé l’attachement de la France à l’accord de Vienne du 14 juillet 2015 ». Il a demandé à M. Rohani de « prendre en compte des préoccupations de Paris au sujet des questions qui ne relèvent pas du cadre de l’accord telles que le programme balistique iranien et la sécurité du Moyen-Orient ». Macron a souhaité « une contribution constructive » de l’Iran « à la désescalade régionale et à la résolution des crises au Moyen-Orient ».
TEHERAN : « LA COOPERATION IRANO-EUROPEENNE N'A PAS DE RAPPORT AVEC LE DOSSIER DE L'ACCORD NUCLEAIRE »
À la veille de la visite du ministre français des Affaires étrangères à Téhéran qui porte, surtout et avant tout, sur l'accord nucléaire et le programme balistique de l'Iran, le président iranien a souligné que « la coopération irano-européenne et le dossier de l'accord nucléaire relève de deux domaines différents ».
Le dimanche 4 mars, le président iranien a discuté, au téléphone, avec son homologue français Emmanuel Macron des « relations de longue date qu’entretiennent les deux nations iranienne et française ». « La RII est prête à coopérer avec la France dans le domaine économique, culturel et politique », a affirmé le président iranien, soulignant, en même temps, « la ferme volonté de l’Iran de préserver et de renforcer sa défense nationale ». Rohani a rappelé que « Téhéran respectait ses engagements dans le cadre du Plan global d’action conjoint, tout en réitérant la nécessité du respect, par les parties concernées, de l’accord nucléaire ».
Le président iranien a affirmé que « l’Iran et l’Europe entretenaient, certes, de très bonnes coopérations dans le domaine des questions d’ordre régionales, mais que cela n’a aucun rapport avec l’accord nucléaire. La coopération irano-européenne et le dossier nucléaire relèvent de deux domaines différents, a fait savoir le président iranien rappelant que l’UE, dans les circonstances actuelles, devrait mieux agir pour pousser les États-Unis à respecter le Plan global d’action conjoint ».
UNE INCOMPREHENSION TOTALE ENTRE PARIS ET TEHERAN SUR LES DOSSIERS GEOPOLITIQUES DU PROCHE-ORIENT
Les deux présidents ont aussi débattu des questions régionales, dont la lutte contre le terrorisme : « L’Iran est prêt à coopérer avec tous les pays alliés dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et l’aide aux peuples menacés de la région et dans le monde. »
« Au Yémen, nous sommes témoins de crimes de guerre et les pays qui fournissent des armes à l’Arabie saoudite et à la coalition arabe ont des comptes à rendre à cet égard », a noté le président iranien (3). La France compte parmi les pays qui continuent à vendre des armes à l’Arabie saoudite.
Macron a souligné « la responsabilité particulière qui incombait à l’Iran, du fait de ses liens avec Damas, dans la mise en œuvre de la trêve humanitaire prévue par la résolution 2401 du Conseil de sécurité de l’ONU », selon le communiqué émis par l’Élysée. Deux coalitions antagonistes sont actives en Syrie: l’axe Russie-Iran-Syrie, « l’axe de la résistance » en général, et d’autre part, une coalition instable composée de l’Arabie saoudite, Israël, les États-Unis et leurs alliés européens, que la France a intégré dans la pratique (4).
L'amiral iranien Ali Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, a reçu Jean-Yves Le Drian dans son uniforme d'amiral, tenue qu'il réserve habituellement à ses visiteurs militaires. Il a indiqué que « le renforcement de la capacité défensive de l'Iran, en particulier la puissance balistique du pays, (était) une nécessité inévitable dans le cadre de la politique de dissuasion » de son pays.
S'ils ont fait montre d'une volonté commune de maintenir en vie l'accord sur le nucléaire iranien, Hassan Rohani et Jean-Yves Le Drian ont affiché des vues apparemment peu conciliables sur la Syrie. Mettant en garde contre ‘le risque de cataclysme humanitaire » dans ce pays, « mais aussi sur le risque de conflagration régionale », le ministre français a évoqué « la capacité de l'Iran à intervenir de manière vigoureuse » auprès du gouvernement du président syrien Bachar al-Assad, son allié, pour apaiser la situation. Mais Hassan Rohani a estimé de son côté qu'il n'y avait « aucun autre moyen que de renforcer le gouvernement central à Damas pour régler la crise syrienne ».
NOTES :
(1) Voir sur EODE-TV/
LUC MICHEL: SUR LE ‘SOFT POWER FRANCAIS’ ET LA FRANCOPHONIE
(SOFT POWER PARTIE 4)
sur https://vimeo.com/242652111
(2) C’est une exposition assez rare qui a ouvert ses portes au public ce mardi 6 mars à Téhéran. Le Musée national d’Iran accueille une soixantaine d’œuvres issues des collections du Louvre et du musée Eugène Delacroix.
* Voir sur PRESS TV :
un condensé du Louvre exposé au Musée national d’Iran
sur http://www.presstv.com/DetailFr/2018/03/06/554551/Le-Louvre-sinvite–Thran
(3) Cfr. sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
LE ‘VIETNAM’ DES SAOUDS: YÉMEN LA SECONDE GUERRE CHAUDE DU PROCHE-ORIENT APRES LA SYRIE.
(4) Cfr. sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/ LA FRANCE HORS JEU AU PROCHE-ORIENT (I) : COMMENT PARIS S’EST ISOLEE EN SYRIE
(Sources : Fars – ADP – Site de l’Elysée – MAE français – MAE iranien – L’Echo – Le Journal du Dimanche – EODE think-Tank)
LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE
* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie –
Néoeurasisme – Néopanafricanisme (Vu de Moscou et Malabo) :
PAGE SPECIALE Luc MICHEL’s Geopolitical Daily
https://www.facebook.com/LucMICHELgeopoliticalDaily/
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* Luc MICHEL (Люк МИШЕЛЬ) :
WEBSITE http://www.lucmichel.net/
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* EODE :
EODE-TV https://vimeo.com/eodetv
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