# LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/ L’AXE WASHINGTON – RIYAD, LES REVIREMENTS DE TRUMP SUR LA POLITIQUE MOYEN-ORIENTALE DES USA ET LA VISION STRATEGIQUE DES ‘CINQ MERS’

 

LM.GEOPOL - Usa riyad et les cinq  mers (2017 11 27) FR

 

LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/

Luc MICHEL pour EODE/

Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/

2017 11 27/

 

Très intéressante analyse géopolitique de fond sur le toujours excellent AFRIQUE  ASIE (dont c’était hélas le dernier numéro) titrée « Trump et les missions confiées au futur roi de la Saoudie salmanienne » …

 

COMMENT EXPLIQUER LES REVIREMENTS DE TRUMP SUR LA POLITIQUE MOYEN-ORIENTALE DES USA ?

 

Extrait 1/

AFRIQUE ASIE commence par répercuter les interrogations de Tulsi Gabbard ; membre du Parti démocrate et représentante du deuxième district d’Hawaï à la Chambre des représentants des États-Unis (notre illustration : Tweet du 21/05/2017), suite au discours de Donald Trump à Ryad, blanchissant les Saoudiens et accusant les Iraniens de « financer et d’entraîner des terroristes, des milices et autres groupes extrémistes qui propagent destruction et chaos du Liban à l’Irak et jusqu’au Yémen » :

 

« Trahison : Trump vient de signer un contrat d’armement de 460 milliards de dollars avec l’Arabie saoudite, permettant que des armes américaines soient utilisées pour des crimes de guerre contre des civils yéménites.

Que s’est-il passé ?

En 2011, dans son livre, Trump a écrit ceci à propos de l’Arabie saoudite : ‘C’est le plus grand bailleur de fond du terrorisme. L’Arabie saoudite canalise nos pétrodollars, notre propre monnaie, pour financer les terroristes qui cherchent à détruire notre peuple, alors que les Saoudiens comptent sur nous pour les protéger’.»

 

Extrait 2/

AFRIQUE ASIE répond par ces interrogations avec les analyses de l’expert libanais Nasser Kandil (homme politique libanais, ancien député, Directeur de Top News-nasser-kandil, et Rédacteur en chef du quotidien libanais « Al-Binaa ») :

 

« Les réalités et l’équilibre des forces sur le terrain suggèrent que l’alliance américano-saoudo-israélienne n’est pas prête à se lancer dans la folie d’une guerre majeure au Moyen Orient, mais n’excluent pas qu’elle tente d’arriver à ses fins par une guerre de moindre intensité sur un front judicieusement choisi, afin de rééquilibrer la situation actuellement favorable aux forces de la Résistance et à leur allié russe.

Une équation complexe que l’alliance a dernièrement tenté de résoudre en soutenant les séparatistes kurdes, en empêchant la reprise d’Al-Boukamal des mains de Daech par l’Armée syrienne, en envisageant une guerre limitée au sud de la Syrie et au sud du Liban. Mais tous ces plans se sont révélés être des raccourcis vers la confrontation globale.

En effet, le soutien du projet des séparatistes kurdes en Irak risquait de rapidement mener à une guerre ouverte avec, au minimum, l’Iran, l’Irak et la Turquie ; l’insistance des États-Unis à empêcher la convergence des armées syrienne et irakienne et des forces de la Résistance à Al-Boukamal, en déclarant que la frontière syro-irakienne était une ligne rouge, signifiait l’entrée en guerre avec la Syrie, l’Iran, le Hezbollah et le Hachd al-Chaabi irakien, avec la Russie en renfort ; tandis qu’une guerre contre le sud de la Syrie ou le sud du Liban mettrait Israël sous le feu de milliers de missiles lancés à partir du Liban, de la Syrie et de l’Iran.

Mais les guerres ne sont pas affaire d’amateurs surtout quand il s’agit d’aventuriers tels ceux qui ont planifié une guerre perdue d’avance, comme au Yémen. Les erreurs pouvant être fatales, le président américain Donald Trump, le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu jouent leur propre partition, mais dans les limites autorisées par les décideurs de l’armée et du renseignement des États-Unis.

Or, les États-Unis, la Russie, l’Iran, la Turquie, l’Arabie saoudite, Israël et les pays alliés aux uns ou aux autres manœuvrent dans une zone géographique allant de la Russie au pays du Golfe, et de l’Iran à la mer Méditerranée.

Une zone comprise au sein d’un espace géographique traditionnellement défini comme le « Moyen-Orient », les États-Unis ayant tenté de l’élargir au « Grand Moyen-Orient », considéré comme leur espace vital et leur zone d’influence exclusive. C’était sans compter avec l’irruption inattendue de la Russie devenue l’acteur principal dans la région, notamment parce qu’après le démantèlement de l’Union soviétique, les États-Unis se sont révélés incapables de régler à eux seuls les conflits entre les nations. »

 

LA VISION STRATEGIQUE DES « CINQ MERS » DEVELOPPEE DES 2004 PAR LE PRESIDENT BACHAR AL-ASSAD :

 

Extrait 3/

L’expert libanais Nasser Kandil précise la vision stratégique des « cinq mers » développée dès 2004 par le Président Bachar al-Assad :

 

« En effet, c’est effectivement au sein de cette région précise que se déroulent les luttes et les guerres directes ou indirectes qui semblent devoir aboutir à un nouvel ordre régional et, en conséquence, à un nouvel ordre mondial.

Cinq mers et donc « cinq espaces vitaux » où les États-Unis ne sont plus des acteurs décisifs :

* Mer Caspienne : où le conflit s’est soldé en faveur de deux joueurs majeurs, l’Iran et la Russie ; le Kazakhstan ayant accueilli en sa capitale, Astana, les réunions sur la Syrie sous direction de la Russie, alors qu’il accueillait les avions israéliens destinés à frapper l’Iran et se préparait à concurrencer le pétrole russe en Europe via un pipeline en direction de la Turquie ; et l’Azerbaïdjan ayant récemment signé, à Téhéran, un accord trilatéral de coopération stratégique avec l’Iran et la Russie, alors qu’il était dans le giron de la Turquie.

* Mer Noire : où la guerre sur la Syrie et la sécurité nationale ont poussé la Turquie à revoir ses alliances et à réévaluer ses intérêts, de telle sorte qu’elle est désormais impliquée, en partie, dans le dispositif russo-iranien en dépit de son appartenance à l’OTAN et malgré son conflit ancestral avec la Russie.

* Golfe persique : où une guerre serait catastrophique pour tous, l’Iran et les États-Unis étant face à face via la flotte de guerre américaine.

* Mer Méditerranée : où une guerre serait encore plus catastrophique, cet espace étant devenu un lac international avec la présence des Américains, des Français, des Britanniques, des Italiens, des Espagnols, des Russes, des Turcs, des Syriens, des Israéliens…

* Mer Rouge : finalement, le seul espace où il est encore possible de modifier l’équilibre des forces, a priori sans risquer une confrontation globale, et donc le dernier espace qui permettrait aux États-Unis de mener la guerre par procuration dont ils ont besoin.

Or sont présents autour de la mer Rouge : la Chine à Djibouti ; l’Iran en Erythrée, comme l’affirment les Américains, les Saoudiens et les Israéliens ; l’Arabie Saoudite ; l’Égypte ; l’Israël et le Yémen. »

 

QUI EST PRET A ACCEPTER UNE GUERRE GLOBALE DANS LA REGION DES « CINQ MERS » ?

 

Extrait 4 :

Nasser Kandil expose « les trois buts tactiques des missions confiées par Trump à Ben Salmane » :

 

« C’est bien lui qui a donné les ordres pour leur mise à exécution. Finalement, il est le meilleur associé de Trump dans la région des « cinq mers ». La récompense attendue étant le trône de la Saoudie salmanienne. Il n’empêche que, pour le moment, Ben Salmane collectionne les échecs. En effet :

* Son premier pari était de sortir victorieux de sa guerre contre le Yémen, puis de déclarer triomphalement avoir éjecté l’Iran du Golfe, avant de montrer sur le trône. Il a échoué.

* Son deuxième pari était de se présenter comme l’agent exclusif de Trump dans le Golfe, en donnant un coup de grâce au Qatar. Il a échoué.

* Son troisième pari était d’exploiter la carte confessionnelle libanaise afin de couvrir la guerre projetée par les  États-Unis et l’Israël contre le Hezbollah. Il a doublement échoué. Une première fois lorsque, par la détention de Hariri, il a espéré mobiliser ses coreligionnaires libanais, inféodés à l’Arabie saoudite, mais les a entendus répondre : « Messieurs les Saoudiens, ne touchez pas à Hariri ! » au lieu de déclarer la guerre au Hezbollah. Une deuxième fois lorsqu’il a constaté la solidarité des Libanais, notamment avec la décision de la Présidence et du Hezbollah de n’envisager l’« après Hariri » qu’après sa libération et son retour au Liban. Ce qui fait que l’hypothèse d’un soulèvement contre le Hezbollah s’est transformée en une révolte contre l’Arabie saoudite.

Reste à savoir dans quelles limites les États-Unis et l’Israël sont toujours disposés à répondre à ses appels à la guerre… »

 

* Lire sur AFRIQUE ASIE :

http://www.afrique-asie.fr/trump-et-les-missions-confiees-au-futur-roi-de-la-saoudie-salmanienne/

 

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