LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/
Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
2018 03 02/
« En matière de politique étrangère, préférer l’Orient à l’Occident (…) est une de nos priorités»
– Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei.
« Les relations avec les pays de l’Est et asiatiques sont beaucoup plus fortes aujourd’hui, en particulier depuis le rapprochement à travers le conflit syrien de l’Iran et la Russie (…) Les relations de l’Iran avec la Russie, la Chine et un nombre croissant de pays asiatiques sont aujourd’hui bien meilleures qu’avec les pays occidentaux parce qu’ils nous traitent beaucoup mieux »
– Mohammad Marandi
(professeur à l’université de Téhéran).
4 –
AU CONSEIL DE SECURITE :
DOUBLE ENGAGEMENT RUSSE EN FAVEUR DE L’IRAN ET DE LA RESISTANCE YEMENITE
« Yémen: Washington en échec, double victoire russe à l'ONU » titrait l’AFP ce 27 février …
Les Etats-Unis ont échoué lundi à épingler l'Iran à l'occasion d'un renouvellement annuel de l'embargo sur les armes imposé par l'ONU au Yémen, « lors d'une séquence diplomatique tendue qui a consacré une double victoire russe ».
Cet embargo sur les armes décrété en 2015 pour le Yémen expirait lundi soir. Pendant plusieurs jours, les diplomates ont négocié d'arrache-pied pour obtenir un compromis évitant un veto russe à un texte rédigé par le Royaume-Uni (juge et partie puisque Londres est un des principaux soutiens et fournisseurs d’armements dans la sale guerre des Saouds au Yemen). A l'initiative de Washington, le projet initial prévoyait de « condamner l'Iran pour avoir laissé des missiles de fabrication iranienne arriver jusqu'aux rebelles Houthis au Yémen ». Dans les discussions, le terme est rayé, le texte ne parlant plus que d' « inquiétude » face aux manquements de l'Iran et de la possibilité de « mesures supplémentaires », soit « de futures sanctions internationales hypothétiques( dixit l’AFP) contre Téhéran.
Le tout dernier texte obtenu par l'AFP et négocié ne comportait même plus cette mention de "mesures supplémentaires". « On espère un vote positif », indique alors à l'AFP, sous couvert d'anonymat, un diplomate. « Le compromis est honnête », abonde une autre source diplomatique. Mais C'est "niet", a finalement tranché Moscou quelques minutes avant le vote du Conseil de sécurité. « Un consensus n'a pu être dégagé », explique l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassily Nebenzia. « Aucune preuve n'étaye les affirmations américaines d'une implication directe de l'Iran derrière des tirs de missiles Houthis en 2017 vers l'Arabie saoudite », ajoute-t-il.
Lors du scrutin, la Bolivie vote aussi contre, la Chine et le Kazakhstan s'abstiennent, les 11 autres membres approuvant la résolution. Pour une adoption, il faut au moins neuf voix pour sur les 15 du Conseil de sécurité et aucun veto des cinq permanents (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni).
MOSCOU MET LONDRES ET WASHINGTON ECHEC ET MAT !
Le texte britannique à peine renvoyé aux oubliettes, Vassily Nebenzia fait aussitôt mettre aux voix une résolution prévoyant, sans mentionner l'Iran, un renouvellement annuel dit "technique" de l'embargo sur les armes. Ironie diplomatique russe, ce texte n'est autre que celui du Royaume-Uni de l'an dernier pour le même embargo en vigueur depuis 2015. Difficile dès lors de le rejeter, d'autant que l'embargo expire lundi soir. Deuxième victoire russe: adoption à l'unanimité.
En visite lundi au Honduras, l'ambassadrice américaine Nikki Haley, quasi hystérique, s'en prend alors à Moscou via un communiqué. Après avoir soutenu le « régime barbare syrien, la Russie aujourd'hui protège le régime iranien qui soutient le terrorisme », s'insurge-t-elle. Et cela « en dépit de preuves crédibles et indépendantes montrant que l'Iran viole l'embargo sur les armes » (sic) au Yémen. La diplomate promet, sans les préciser, « des mesures contre l'Iran que les Russes ne pourront pas bloquer ». « Soit des décisions sont prises contre l'influence au Moyen-Orient de Téhéran et son programme de missiles balistiques, soit Washington enterre l'accord nucléaire », selon des sources diplomatiques.
Dans un communiqué, la mission iranienne à l'ONU dénonce les « tentatives des Etats-Unis et du Royaume-Uni de détourner les procédures du Conseil de sécurité », sans mentionner la France. En outre, l'Iran « rejette catégoriquement les accusations l'impliquant dans des transferts d'armes au Yémen ». Pour la Russie, « les morceaux de missiles tombés en Arabie saoudite et exposés récemment par les Etats-Unis, même s'ils sont iraniens, ne sont pas une preuve d'un rôle direct de l'Iran pour armer les Houthis ».
Au Yémen, l'Arabie Saoudite sunnite, grand rival de l'Iran chiite dans la région, dirige depuis 2015 une coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite exilé dans le sud et qui lutte contre les rebelles Houthis. Cette guerre accompagnée de la pire catastrophe humanitaire actuelle au monde, selon l'ONU, a fait plus de 9.200 morts, en majorité des civils, et poussé le pays à la famine.
5 –
POURQUOI L’IRAN SE TOURNE VERS L’EST ?
« L’Iran se tourne vers l’Est, signe d’impatience vis-à-vis de l’Occident », commente l’agence iranienne Fars.
Pékin, qui s'est abstenu dans une résolution à l'ONU contre l'Iran, est le premier partenaire économique et commercial de l'Iran, ses exportations pétrolières ont plus que doublé » dit l’AFP. Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a récemment « donné un signal fort en faveur du développement des liens avec l’Est, signe de l’impatience de l’Iran face au manque de progrès dans ses relations avec l’Occident ».
En 1979, l’un des slogans les plus populaires de la révolution était « Ni Ouest, Ni Est, République islamique », marquant la volonté du nouveau pouvoir de ne favoriser aucune des grandes puissances de l’époque, c’est-à-dire les États-Unis ou l’Union soviétique. Mais le monde a changé ! Près de quarante plus tard, le numéro un iranien a déclaré il y a quelque jours qu' « en matière de politique étrangère, préférer l’Orient à l’Occident (…) est une de nos priorités » (8).
Les analystes estiment que la dernière tentative de détente avec Washington – grâce à l’accord sur le nucléaire – s’est essoufflée. Cet accord a été conclu en 2015 entre l’Iran et les grandes puissances du groupe 5+1 (États-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni et Allemagne). L’ayatollah Khamenei « a souligné à plusieurs reprises que l’accord de 2015 était un test pour voir si des négociations avec l’Occident pouvaient donner des résultats positifs », a déclaré à l’AFP Ellie Geranmayeh, du European Council on Foreign Relations (Think-Tank atlantiste). « Les dirigeants iraniens estiment que les Etats-Unis agissent de mauvaise foi (…). La déclaration de Khamenei est un feu vert à la concentration des efforts diplomatiques dans les relations avec la Chine et la Russie » (9), a-t-elle ajouté.
LES VOLTE-FACES AMERICAINES ONT LASSE TEHERAN
Les déclarations de Khamenei vont de pair avec les menaces du président américain Donald Trump de sortir de l’accord nucléaire et de réimposer des sanctions à l’Iran s’il n’accepte pas de limiter son programme balistique et ses « activités déstabilisantes » au Moyen-Orient. Même avant Trump, l’Iran avait déjà le sentiment justifié que Washington ne respectait pas ses engagements, « en particulier à cause des sanctions non liées au nucléaire qui entravent, selon Téhéran, ses relations bancaires avec le reste du monde et les investissements étrangers ».
Pour soutenir leur position, les responsables iraniens soulignent que l’accord nucléaire insiste sur le fait que les États-Unis doivent « s’abstenir de toute politique qui affecte directement ou de manière défavorable la normalisation des relations commerciales et économiques de l’Iran » avec le reste du monde. « Dès le premier jour, les États-Unis, sous l’administration (de Barack) Obama, ont commencé à violer (…) l’accord », affirme Mohammad Marandi, analyste politique et professeur à l’université de Téhéran. Selon lui, la déclaration de Khamenei souligne simplement que « les relations avec les pays de l’Est et asiatiques sont beaucoup plus fortes aujourd’hui, en particulier depuis le rapprochement à travers le conflit syrien de l’Iran et la Russie », alliés indéfectibles du régime de Bachar al-Assad. « Les relations de l’Iran avec la Russie, la Chine et un nombre croissant de pays asiatiques sont aujourd’hui bien meilleures qu’avec les pays occidentaux parce qu’ils nous traitent beaucoup mieux », affirme Marandi.
Ainsi, la Chine, qui s’est récemment abstenue dans une résolution à l’ONU contre l’Iran, est devenue le premier partenaire économique et commercial de l’Iran depuis plusieurs années (10). Et selon des chiffres officiels sur les échanges commerciaux de Téhéran, entre avril et juillet (premier trimestre de l’année iranienne) 2017, la Corée du Sud se place au troisième rang des pays exportateurs vers l’Iran, la Turquie en quatrième position et l’Inde en cinquième position.
La République islamique s’est montrée très flexible en matière de politique étrangère, estiment des analystes. « L’Iran a adopté une approche pragmatique à l’égard des États-Unis lorsque ses intérêts le recommandaient », affirme Geranmayeh. Elle faisait notamment référence à la coopération avec Washington en 2001, au moment de l’invasion américaine de l’Afghanistan pour chasser les talibans du pouvoir.
Et en avril 2015, trois mois avant la conclusion de l’accord nucléaire, Khamenei avait laissé la porte ouverte à une amélioration des relations avec les Etats-Unis. « Si l’autre partie cesse son obstination habituelle, (…) nous pourrons alors constater qu’une négociation est possible avec eux sur d’autres sujets également », avait-t-il déclaré.
Les exportations pétrolières de l’Iran ont plus que doublé depuis l’accord nucléaire, qui a permis la levée d’une partie des sanctions internationales, et le commerce avec l’Europe a bondi. Mais « les menaces américaines ont refroidi les investisseurs étrangers et les grandes banques internationales, les Européens restant plus vulnérables face aux pressions américaines que les Chinois ou les Russes ». « Si les Européens n’ont pas le courage de résister face aux États-Unis, ils ne doivent pas s’attendre à devenir nos partenaires », souligne Marandi. « Si certaines portes se referment et d’autres s’ouvrent, nous n’allons pas attendre indéfiniment devant les portes fermées », dit-il encore.
NOTES :
(8) Voir sur PCN-TV/ GEOPOLITIQUE/
LUC MICHEL ET FABRICE BEAUR: VERS L’AXE EURASIATIQUE MOSCOU-PEKIN-TEHERAN
sur https://vimeo.com/241417074
Et sur PCN-TV :
LUC MICHEL & FABRICE BEAUR: NOUVELLES ROUTES DE LA SOIE. VERS L’INTEGRATION GEOECONOMIQUE DE L’AXE EURASIE-AFRIQUE
sur https://vimeo.com/218758549
(9) Voir sur LUC MICHEL SUR PRESS TV (IRAN)/
DANS ‘REPORTAGE’ (27 MAI 2017) : LE MONDE GEOPOLITIQUE ET GEOECONOMIQUE DESSINE PAR PEKIN ET MOSCOU
(10) Cfr. sur LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
DE L’AXE MOSCOU-TEHERAN A UN AXE EURASIATIQUE MOSCOU-PEKIN-TEHERAN : COMMENT LA CHINE S’EST AUSSI RAPPROCHEE DE L’IRAN
(Sources : AFP – Fars – EODE Think-Tank)
LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE
* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie –
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