#LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/ PROCHE-ORIENT. LE PARTI DE LA GUERRE AMERICANO-ISRAELIEN (I) : COMMENT CHANGER LE REGIME EN IRAN

 

LM.GEOPOL - Parti de la guerre I   iran (2018 05 24) FR (1)

 

LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE/

Luc MICHEL pour EODE/

Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/

2018 05 24/

 

« Les Iraniens doivent choisir quel type de gouvernement ils veulent »

– Mike Pompeo, secrétaire d’Etat américain (ce 21 mai).

 

« Les Iraniens doivent choisir quel type de dirigeants ils veulent »

– Mike Pompeo (ce 22 mai).

 

« Trump est un président dur qui est déterminé à aboutir à un changement de régime »

– Rudy Giuliani, ancien maire de New-York, avocat de Trump

(devant des opposants iraniens en exil ce 7 mai).

 

« Les exigences de Pompeo ont pour but de renverser le régime des ayatollah. Je pense que c’est le projet de Washington »

– Ram Ben Barak, ancien directeur adjoint du Mossad (ce 22 mai).

 

« Le ton monte entre l'Iran et les États-Unis: Téhéran refuse la "pression maximale" mise par Washington », commentait hier l’AFP. En annonçant qu’ils allaient « mettre l’Iran sous pression maximale », les Etats-Unis confirment qu’ils veulent faire plier l’Iran afin qu’il « change d’attitude ». « Pour peu, certains iraient jusqu’à penser que Washington ne dédaignerait pas que celui-ci soit renversé et remplacé », ajoute avec pertinence l’agence française . « L’Iran n’aura plus jamais carte blanche pour dominer le Moyen-Orient », a déclaré lundi le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, dans un discours exposant la nouvelle stratégie de Washington dans la région. Le chef de la diplomatie américaine a promis que les Etats-Unis allaient exercer une « pression financière sans précédent sur le régime iranien, en instaurant "les sanctions les plus fortes de l’Histoire ».

 

# PARTIE I –

NE PAS SE TROMPER SUR LA NATURE VERITABLE DE LA CRISE DU NUCLEAIRE IRANIEN

 

La tension instaurée par Washington n’est pas « une étape vers la guerre ». Elle est un nouveau stade d’un état de guerre rampant, caractéristique des conflits voulus et planifiés par les USA depuis la Fin de la Guerre froide. Un état où la « guerre n’est plus la continuation de la politique par d’autres moyens », selon la formule célèbre de Clausewitz. Mais où la Guerre se continue par tous les moyens, phénomène non plus de « rupture », brutale, comme le conceptualisait le Géostratège allemand (inspiré par Napoléon Ier), mais confrontation rampante. Où se mêlent agression militaire classique, déstabilisation, guerre économique, pressions diplomatiques, guerre médiatique, soft power, sanctions, « révolutions de couleur », théorie des dominos (au cœur du « printemps arabe », ou de son clone le « printemps africain »), une symphonie multiforme qui conduit au « regime change ». L’Iran est confronté à cette agression multiple depuis près d’une décennie.

 

Mais avec Trump, le « parti de la guerre » israélo-américain – alliance du Likoud, du lobby pro-israélien US AIPAC (bipartisan), des généraux faucons du Pentagone (au cœur du Régime Trump), de la Droite républicaine, des évangélistes et des néocons issus du Régime Bush II – est arrivé au pouvoir !

 

LA CRISE OUVERTE PAR TRUMP DISSIMULE UNE TRIPLE GUERRE CONTRE TEHERAN

 

Je peux ainsi résumer ma vision du dossier du Nucléaire iranien et des Accords de Genève : dès la candidature de Trump, qui n'est pas un "candidat hors système" mais bien au contraire le choix des lobbies aux USA opposés à ces accords", la crise actuelle était clairement annoncée. Le retrait américain du PGAC n’est pas une « étape vers la guerre », comme l’expliquent à tord de nombreux journalistes, mais il est le nouveau stade d’un conflit où se positionne une triple guerre lancée par Washington …

 

Dans une interview pour la télévision d’Etat francophone iranienne, j’ai analysé cette triple guerre :

 

– guerre Israël vs Iran (pour la « parité stratégique » au Proche-Orient),

– guerre économique US contre l’Iran, où les sanctions économiques sont une des voies américaines vers la « révolution de couleur » (« révolution verte » – sic – dès les élections de 2010) et le « changement de régime » à Téhéran,

– guerre classique (en préparation) contre l’Iran, où la confrontation s’est déjà amorcée par des guerres locales par procuration (« proxy wars », en Syrie, au Liban, en Irak, au Yemen)

 

* Voir sur PCN-TV/

PRESS TV (IRAN) INTERROGE LUC MICHEL:

COMMENT LE RETRAIT AMERICAIN DU PGAC EST UNE TRIPLE GUERRE LANCEE PAR WASHINGTON

sur https://vimeo.com/270606245

 

LA VOLONTE AMERICAINE DE CHANGER LE REGIME IRANIEN

 

La volonté de changer le régime iranien, l’illusion (qui a déjà coûté si cher en Irak, en Syrie et en Libye) fallacieuse entretenue par des intellectuels et une opposition fantoche en exil que « la rue iranienne va se soulever », l’auto-intoxication des idéologues américains sur la nature de leurs adversaires (en Iran comme ailleurs), et surtout la croyance au rôle absolu des sanctions (guerre économique), tout conduit à la volonté de « regime change » à Téhéran. Un Trump ou un Pompeo expriment caricaturalement cet objectif ultime.

 

Dans un débat consensuel pour la télévision d’Etat francophone iranienne, j’ai analysé cette victoire du « parti de la guerre ». J’y explique que la crise iranienne résulte de la montée en puissance de ce « parti de la guerre » américano-israélien, dont le programme a toujours été la rupture des accords de Genève. Et dont l’élection de Trump a été le choix, au travers d’un scénario électoral planifié.

 

Le « regime change » en Iran, la guerre économique (sanctions) et l’agression militaire font partie des armes fourbies contre Téhéran :

 

* Voir sur PCN-TV/

PRESS TV (IRAN) DEBAT AVEC LUC MICHEL:

POMPEO MENACE, L’IRAN REPOND (23 MAI 2018)

sur https://vimeo.com/271821284

 

# PARTIE II –

COMMENT WASHINGTON TRAVAILLE A UN CHANGEMENT DE REGIME A TEHERAN ?

 

Intervenant lundi à la Heritage Foundation à Washington (un lobby néo-conservateur, proche des « vitrines légales de la CIA » et des réseaux néocons), M. Pompeo a exposé les exigences principales des États-Unis. Selon lui, l’Iran doit mettre fin à son programme nucléaire et balistique, réduire son « influence malveillante » dans la région, en retirant notamment ses troupes de Syrie, et cesser de s’ingérer dans les conflits de la région et de soutenir des groupes tels que le Hezbollah. M. Pompeo a promis d’exercer des pressions financières sans précédent sur Téhéran et a estimé que tous les pays, y compris les membres de l’UE, devaient se rallier aux futures sanctions contre l’Iran.

 

"LES IRANIENS DOIVENT CHOISIR QUEL TYPE DE GOUVERNEMENT ILS VEULENT" (POMPEO)

 

« Les Iraniens doivent choisir quel type de dirigeants ils veulent » : la petite phrase du secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a relancé les spéculations sur la volonté des Etats-Unis d’oeuvrer à un changement de régime en Iran. « Au bout du compte, le peuple iranien devra faire un choix sur ses dirigeants », avait-il lancé lundi en dévoilant les conditions drastiques émises par Washington pour renouer avec Téhéran, assorties de la menace de sanctions « les plus fortes de l’histoire » et d’une « pression financière sans précédent sur le régime iranien ». Il l’a répété mardi devant la presse. « Les Iraniens doivent choisir quel type de gouvernement ils veulent », a-t-il insisté.

 

De nombreux experts y ont vu, comme moi, l’aveu d’une stratégie dont l’objectif final est d’aboutir à la chute du régime né de la Révolution islamique de 1979, à la suite de laquelle les relations américano-iraniennes ont été rompues. Une idée défendue par les milieux néoconservateurs (les néocons du régime Bush II se sont ralliés à Trump) et chargée en symboles aux Etats-Unis depuis l’intervention de 2003 en Irak pour renverser Saddam Hussein, aujourd’hui largement considérée comme une erreur, y compris par le président Donald Trump.

 

LA NATURE FONDAMENTALEMENT ANTI-IRANIENNE DU REGIME TRUMP

 

Interrogée mardi, la porte-parole du département d’Etat Heather Nauert a d’abord nié que les Américains travaillent ouvertement à un changement de régime. Mais elle n’a pas caché qu’ils ne le verraient pas d’un mauvais oeil. « Notre politique n’est pas le changement de régime. Mais si les Iraniens devaient décider, à un moment donné, d’exprimer leurs opinions, ce serait très bien », a-t-elle dit, évoquant la « frustration croissante » de la population iranienne qui « vit depuis bien trop longtemps sous un régime qui les maltraite ».

 

Le président Trump lui-même avait alimenté les interrogations le 8 mai, en estimant que les Iraniens « méritent une nation qui rende justice à leurs rêves ». Et son avocat personnel Rudy Giuliani a récemment fait l’éloge devant des opposants iraniens en exil d’un président « dur » qui est « déterminé à aboutir à un changement de régime ».

 

Des experts notent d’ailleurs que Donald Trump a récemment nommé deux « faucons » à des postes-clés: Mike Pompeo aux Affaires étrangères et John Bolton comme conseiller à la sécurité nationale, qui ont par le passé plaidé pour un changement de régime. « Je suis persuadé que le peuple d’Iran, quand il verra une autre voie où leur pays cesserait de se comporter de la sorte, choisira cette voie », a conclu mardi le secrétaire d’Etat.

 

LA SATISFACTION DES ISRAELIENS

 

Ram Ben Barak, ancien directeur adjoint de l’agence d’espionnage du Mossad en Israël, a déclaré mardi que les exigences de Pompeo avaient pour but de renverser le régime des ayatollah. « Je pense que c’est le projet de Washington », a déclaré Ben Barak à la radio de l’armée lorsqu’on lui a demandé si l’immense pression financière que Pompeo a demandée créerait une crise économique si grave qui renverserait le régime islamique.

 

LES MENACES OUVERTES DE FRAPPE MILITAIRE DE POMPEO

 

M. Pompeo à la Heritage Foundation, dans son premier grand discours décrivant la stratégie de Washington pour mettre un terme aux ambitions nucléaires de l’Iran et à son comportement régional « malveillant », ne s’est pas contenté d’évoquer les sanctions économiques.

 

Le nouveau diplomate en chef du président américain Donald Trump a également fait allusion à la possibilité d’une action militaire au cas où les dirigeants iraniens décideraient de reprendre leur programme nucléaire. « S’ils redémarrent leur programme nucléaire, ils auront de gros problèmes, de plus gros problèmes qu’ils n’en ont jamais eu auparavant », a-t-il dit. Pompeo a également menacé d’“écraser” les mandataires terroristes de l’Iran dans le monde entier.

 

Pompeo a exigé que l’Iran révèle tous ses travaux nucléaires passés, arrête complètement son enrichissement d’uranium, donne à l’Agence internationale de l’énergie atomique « un accès sans réserve à tous les sites du pays », arrête le développement et les essais de missiles balistiques, cesse son soutien aux « groupes terroristes » du Moyen-Orient et « respecte la souveraineté du gouvernement irakien ».

 

Les Etats-Unis, répond Téhéran dans une déclaration officielle, n’ont « pas le droit » de dire à l’Iran quelles politiques il doit adopter dans sa propre région, étant donné que « tous les problèmes auxquels est confronté le Moyen-Orient émanent de l’ingérence et de l’empiétement de Washington et des gouvernements dictatoriaux médiévaux de ses alliés ». L’Iran, en revanche, apporte des « mesures de stabilisation et de lutte contre le terrorisme » dans la région et dans le monde. La déclaration dit encore que Téhéran considérait les « remarques effrontées » de Pompeo comme « une ingérence flagrante dans ses affaires intérieures et une menace illégale contre un membre des Nations Unies ».

 

(Sources : Fars – AFP – Press TV – PCN-TV – Times of Israel – EODE Think Tank)

 

LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE

 

* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :

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