Edité par Luc MICHEL et le PCN
PCN-INFOS/ 31e Année
(fondé en 1993 par le PCN-Paris)
2024-II-05
L’histoire du PCN-НОП (2024)
Par Luc Michel et Karel Huybrects
PARTIE 4
AUX ORIGINES DU NEOEURASISME (1) : L’ECOLE EURO-SOVIETIQUE DE GEOPOLITIQUE (1982-1991)
« A partir des années 1960, Jean Thiriart, le politologue et géopoliticien belge bien connu, a commencé à développer en détail cette thèse d'opposition des deux continents: de l'Europe et de l'Amérique. Plus tard, ses conceptions ont été approfondies par des théoriciens militaires allemands, en particulier, par Jordis von Lohausen (…) ainsi que par certains adeptes de Charles de Gaulle. Le principe de base de cette opposition est le suivant : l'Europe, ensemble avec la Russie, contre les Etats-Unis »
– DYENN, n°2 (30), Moscou (10-18 janvier 1992).
« Une tentative du même M. THIRIART (la Jeune-Europe des années 60) a essuyé un échec. Au début des années 80 ses adhérents ont fait une nouvelle tentative: le PCN a été fondé en Belgique (…) Le parti des adhérents de M. THIRIART c'est quelque chose dans le genre de l'Internationale de Marx (…) je suis prêt à donner connaissance des documents et du program
me du PCN pour tous les intéressés »
– A. IVANOV, ROUSSKI VESTNIK (« Les idées de
Jean Thiriart: un commentaire nécessaire », septembre 1992).
« PCN … européen jusqu’à Vladivostok »
– Interview de Luc MICHEL par LE PEUPLE,
Bruxelles, 14 et 15 septembre 1985).
* Lire la Partie I de mon analyse :
GEOIDEOLOGIE. AUX ORIGINES DU NEOEURASISME (I) :
LES CONCEPTIONS GEOPOLITIQUES DE JEAN THIRIART, LE THEORICIEN DE LA ‘NOUVELLE ROME’
sur http://www.lucmichel.net/2018/03/28/luc-michels-geopolitical-daily-geoideologie-aux-origines-du-neoeurasisme-i-les-conceptions-geopolitiques-de-jean-thiriart-le-theoricien-de-la-nouvelle-rome/
A partir de 1960, par paliers progressifs, la doctrine du mouvement du Géopoliticien Jean Thiriart, le "Communautarisme national-européen", dont le caractère socialiste est affirmé dès le début, glisse vers des positions idéologiques nationales-communistes (1). Et des positions géopolitiques d’avant-garde, qui annoncent le Néoeurasisme. Thiriart affirme dès 1960 des positions qui sont dans la ligne directe de celles qu'il défendra à partir des années 80 sous le titre générique d'"Ecole Euro-soviétique" (2) : création d'une grande Europe de Dublin à Vladivostok , National-Communisme, et collaboration entre l'URSS et l'Europe Occidentale. Dès 1962, THIRIART écrivait : "A mon sens, il y a plus de possibilités de voir dans 25 ans les blocs ci-après se former : les deux Amériques (je reviendrai ailleurs sur le souhait de voir l'Amérique latine sauvée des yankees), le bloc asiatique Chine-Inde et le bloc Europe-Afrique-URSS. Ce qui nous permettrait d'imprimer non plus "de Brest à Bucarest" mais "de Brest à Vladivostok". La géopolitique dessine déjà cet avenir".
Cette évolution idéologique (3) se doublera de l’évolution des thèses géopolitiques et se traduira dans les faits de deux manières bien distinctes :
D'une part une vision de plus en plus pro-soviétique qui aboutira en 1981 à la création par THIRIRART de l'Ecole doctrinale "Euro-soviétique".
De l'autre, un rapprochement de l'organisation avec les régimes de l'Europe de l'Est qui évoluent alors dans le sens d'un national-communisme, essentiellement à l'époque la Yougoslavie de Tito et la Roumanie de Nicola Ceaucescu. Dans un article intitulé "Echiquier mondial et national-communisme", THIRIRART affirme que "le concept révolutionnaire sera dans les années à venir la création d'une Europe socialiste de style révolutionnaire, notre Europe Communautariste et que dans cette construction les cadres et les militants communistes d'Europe de l'Est ont un rôle immense à jouer".
GEOPOLITIQUE – GEOECONOMIE – GEOIDEOLOGIE :
LES THÈSES DE L’ECOLE EURO-SOVIÉTIQUE
Fondateur de l'"Ecole euro-soviétique" au début des Années 80, Jean THIRIART développe le thème de la « dimension vitale des Etats nécessaire pour garantir leur indépendance » et qui « requiert à l'époque moderne la taille des états continentaux ». Partisan de l'Etat unitaire paneuropéen, nous étudions les causes de l'échec annoncé de l'Union Soviétique, que Thiriart pressentait dès 1980 et dont il stigmatisait le fédéralisme.
1- Face à la superpuissance américaine, nous plaidons pour la fusion de la Russie (sur ses frontières sibériennes en Orient) avec l'Europe occidentale dans le cadre d'un Empire unitaire allant de Reykjavik à Vladivostok et du Groenland à la Méditerranée.
2- Nous développons la thèse sur la construction de l'Europe contre les Etats-Unis et son bras armé de l'OTAN. L'Europe unitaire se fera dans le cadre d'une guerre de libération nationale contre l'occupant américain et ses collaborateurs "européens".
3- Nous insistons sur la nécessité de l'organisation économique de l'Europe sur une base autarcique, reprenant les théories de Friedrich LIST (4).
4- Nous dénonçons les vues limitées des politiciens européens, qui à la suite du général de Gaulle, envisagent une Europe tronquée jusqu'à l'Oural. L'Empire européen devra inclure la Sibérie et l'extrême-orient ex-soviétique.
5- L’unification continentale eurasiatique doit se faire de l’Est vers l’Ouest, de Vladivostok à l’Atlantique. Moscou devenant l’hegemon du processus unificateur.
6- Nous nous en prenons aux conceptions de l'Europe basées sur la religion ou des théories pseudo-racistes. Ce sont les impératifs de la Géopolitique et de la Géoéconomie qui déterminent les dimensions de la Grande-Europe et par-là les populations qu'elle unifiera dans un Etat unitaire. Pour lui, par exemple, « la Turquie c'est aussi l'Europe » (5) (6). Thiriart insistait déjà dès 1964 à ce sujet sur « l'exogamie au sein du peuple européen » (7).
7- Nous conçevons l'Empire européen comme une nouvelle Rome, la « quatrième Rome » qui fait écho au concept messianique russe de la "troisième Rome" (Moscou après Rome et Byzanze). Nous exposons la nécessité de faire de la Méditerranée un Lac européen, une nouvelle "Mare nostrum". Dans notre conception géopolitique, les deux rives de la Méditerranée, avec leurs populations, font partie du même Espace géopolitique. Une idée géopolitique que nous apporterons …à la Jamahiriya libyenne à partir des Années 1995-96 et de mon « parcours libyen » (8) (9) (10) …
LES EVOLUTIONS D’UNE GRANDE IDEE CENTRALE
Quelles avaient été les évolutions de THIRIART ? L’évolution n’est pas au niveau idéologique et théorique, mais au niveau de leur formulation, par exemple, avoir utilisé le vocable « Empire euro-soviétique » au lieu de Grande-Europe ou Paneurope dans les années 80, pour rendre cette idée populaire dans les milieux soviétiques. Mais les grands concepts restent les mêmes depuis le départ, donc ce qui change ce sont les voies del’unification.
Nous sommes des gens qui cherchons des voies, des voies pour être efficaces, des voies pour être utiles, pour faire progresser notre idée centrale qui est l’unification et la libération continentale de Vladivostok à Reykjavik.
LES THESES EURO-SOVIETIQUES DIFFUSEES DES LE DEPART EN URSS
Nous publions en langue russe dès 1983, notamment des brochures et des numéros spéciaux de notre revue « Conscience Européenne », ainsi que de nombreux livres et brochures.
Lorsque je suis devenu dès 1983 l’un des trois concepteurs de l’Ecole euro-soviétique, j’ai pris en main la diffusion professionnelle des thèses euro-soviétiques et nous sommes entrés en contact avec l’ambassade de l’Union Soviétique à Bruxelles. Nous avons été aimablement reçus. Les Russes étaient très méfiants, mais en même temps on était pour eux un peu une divine surprise, parce qu’ils ne disposaient plus du tout de relais d’agitation en Belgique. Le « Parti Communiste Belge » (PCB) est alors en voie de social-démocratisation et son quotidien, LE DRAPEAU ROUGE, à l’époque est, comme toute la presse belge, financé par des publicités payantes de l’OTAN (11) ! Ceci au moment où un vaste mouvement populaire en Allemagne, Belgique et Grande-Bretagne s’oppose aux plans de guerre de l’OTAN. Les anciens communistes s’en vont et LE DRAPEAU ROUGE ne relaie absolument plus. Il y a encore quelques campagnes anti-américaines entre 1980 et 1985, mais sporadiques et honteuses.
Nous avons fait notamment avec les Soviétiques de l’Ambassade de Bruxelles la grande campagne de diffusion de la brochure « QUI MENACE LA PAIX ? », qui a servi à faire aussi un numéro de CONSCIENCE EUROPEENNE (12) – dont une édition spéciale en russe (13). Mais on a surtout diffusé à 100.000 exemplaires la brochure en trois langues dans les manifestations, etc.
C’est comme ça que nous avons rencontré les deux traducteurs russes de THIRIART qui étaient des attachés militaires. Nous avons diffusé par les Editions Machiavel, la maison d’édition du PCN, notamment des ‘TEXTES EURO-SOVIETIQUES’ en Russe (14) en quantités très importantes.
Il y a eu aussi une manifestation directe de l’intérêt que les Soviétiques nous portaient: en 1997, le professeur Vsevolod KNIAJINSKI (15), le responsable de tout ce qui concernait les affaires européennes, d’unification européenne, au sein du Département idéologique du Parti Communiste de l’Union Soviétique, que dirigeait Boris PANOMAREV, a longuement rencontré THIRIART en 1987 à Bruxelles, et la rencontre a été organisée par le biais des « Amitiés belgo-soviétiques », où THIRIART avait de nombreux amis d’avant 1939.
Mais l’intérêt était aussi ailleurs, à un autre niveau, que j’aborderai dans une Annexe de cette analyse …
APRES 1992, L’ETINCELLE SOUS LA CENDRE …
L’ampleur du succès de THIRIART après 1992 s’explique car ses idées étaient déjà connues et par les contacts qu’il y avait. Dans ses derniers jours, à l’automne 1992, Thiriart a fait un voyage triomphal à Moscou (16), où il a notamment été reçu en entretien privé par Igor LIGATCHEV, qui était l’ancien numéro deux soviétique, rencontre qui fut très amicale. Et il a rencontré ainsi Guennadi ZIOUGANOV, qui était à l’époque l’homme qui essayait de relancer le Parti Communiste qui venait d’être interdit, et qui a créé quelques temps après le « Parti Communiste de la Fédération de Russie ». Et aussi Alexandre Douguine.
Le temps était venu pour les Thèses géopolitiques euro-soviétiques d’être absorbées, digérées, dans l’Espace intellectuel russe post-soviétique, notamment ce « Néoeurasisme », qui avait été réinventé dans ma revue CONSCIENCE EUROPEENNE en 1984. Mais ceci est une autre histoire …
DES THESES EURO-SOVIETIQUES DE 1982 A MES THESES DE 2006 SUR LA « SECONDE EUROPE »
Luc Michel a publié en décembre 2006 la première version de ses « Thèses géopolitiques sur la ‘Seconde Europe’ unifiée par Moscou » (17). Analyse révolutionnaire qui renouvelait la vision géopolitique, mais aussi idéologique, des rapports Est-Ouest entre la Russie et ses alliés, et aussi la vision de la nature géopolitique de l’Union Européenne. Idée centrale, idée-force : L’Europe ne se limite pas à l’Union européenne ! Ni même aux états qui lui sont maintenant associés, comme la Moldavie ou la Serbie. La Russie, qui a retrouvé son indépendance avec Vladimir Poutine est aussi l’Europe ! Une SECONDE EUROPE, une AUTRE EUROPE eurasiatique se dresse désormais à Moscou face à l’Europe atlantiste de Bruxelles. Depuis il y a eu le « Discours de Valdai » de Poutine lui-même …
Cette analyse se situe directement dans la perspective des thèses et des analyses développées entre 1982 et 1991 par les théoriciens de l’« Ecole de Géopolitique euro-soviétique » (Thiriart-Cuadrado Costa-Luc Michel) – d’où est aussi issu après 1991 le « néo-Eurasisme russe » (avec bien des déviations) – , qui prônait une unification européenne d’Est en Ouest. Une Grande-Europe de Vladivostok à Reykjavik, déjà autour de Moscou. Mes Thèses de 2006 actualisaient les analyses « euro-soviétiques » après la disparition de l’URSS. Dès 1983, j’affirmais « La Russie c’est aussi l’Europe »…
Ce long détour pour faire comprendre que le projet eurasiste (ou Grande-Europe de Vladivostok à Reykjavik) et l’UE (petite-europe de Bruxelles et Berlin) sont deux visions antagonistes de l’avenir du continent eurasiatique. L’UE représentant par sa sujétion aux USA via l’OTAN la trahison même du projet européiste. Aujourd’hui en 2018, on ne peut plus être à la fois partisan de l’UE et soutenir le projet néoeurasien de Moscou.
NOTES ET RENVOIS :
(1) Si dans les premières années de notre Organisation (1960-64), THIRIART doit compter avec une aile droitière (essentiellement franco-belge) qui alimente un anti-communisme virulent, il n'en affirme pas moins dès 1960 des positions qui sont dans la ligne directe de celles qu'il défendra à partir des années 80 sous le titre générique d'"Ecole Euro-soviétique" ;
Après l'élimination définitive de l'aile droitière de l'organisation en 1964, THIRIART va orienter notre Organisation transnationale dans une direction idéologique où dominent deux orientations : d'une part un anti-américanisme radical, de l'autre un glissement progressif vers des positions nationales-communistes.
THIRIART conçoit le « Communautarisme » comme un dépassement du communisme et non pas comme un adversaire; c'est là une position typique nationale-bolchevique. En 1965, il définissait le Communautarisme comme "un socialisme national-européen" et ajoutait que "dans un demi-siècle, le communisme aboutira bon gré, mal gré au Communautarisme" (19). Ici, l'histoire a failli lui donner raison puisqu' avant l'effondrement du Bloc soviétique, les correctifs économiques qui furent introduits en Hongrie ou en Roumanie infléchissaient l'économie communiste dans le sens Communautariste (20). En 1984, THIRIART précisera d'ailleurs clairement que le Communautarisme est "un communisme européen démarxisé".
(2) Cfr. José CUADRADO COSTA, Luc MICHEL et Jean THIRIART, TEXTES EURO-SOVIETIQUES, Ed. MACHIAVEL, 2 vol. Charleroi, 1984 ;
Version russe : Жозе КУАДРАДО КОСТА, Люк МИШЕЛЬ и Жан ТИРИАР, ЕВРО-СОВЕТСКИЕ ТЕКСТЫ, Ed. MACHIAVEL, 2 vol., Charleroi, 1984.
Ce recueil de textes fut édité en langues française, néerlandaise, espagnole, italienne, anglaise et russe.
Et : Жан ТИРИАР, « Евро-советская империя от Владивостока до Дублина », in ЗАВТРА ЛИ ТРЕТЬЯ МИРОВАЯ ВОЙНА ? КТО УГРОЖАЕТ МИРУ ?, n° spécial en langue russe de la revue CONSCIENCE EUROPÉENNE, Charleroi, n° spécial, 1985.
(3) Voici en résumé les phases de l’évolution de notre Ecole géopolitique :
de la « Grande-Europe » (1964) à « l’Axe Eurasie-Afrique » (2013), en passant par « l’Ecole géopolitique euro-soviétique » (1982-91) et « l’Axe Paris-Moscou » (1992).
Les concepts inventés ou réinventés par nous : « la Grande-Europe de Reykjavik à Vladivostok » (1964) – « L’Empire euro-soviétique de Vladivostok à Reykjavik » (1983) – « L’Eurasisme » (réinvention, 1984) – « L’Axe Paris-Moscou » (1992) – « La Seconde Europe eurasiatique » (2006) – « L’Axe Eurasie-Afrique » (2013) …
(4) Friedrich List (1789-1846), est un économiste allemand, ayant aussi vécu aux USA. Critique d'Adam Smith, il était partisan et théoricien du « protectionnisme éducateur » ainsi que du Zollverein, l'union douanière allemande. Le protectionnisme extérieur, lié à la disparition des frontières douanières intérieures, devant être la phase initiale du développement industriel des nations. Il est le père du « Nationalisme économique » et a inspiré l’unification des USA (clôturée par la Guerre de Sécession), l’unification du IieReich allemand (Bismark) et le projet initial de la CECA-CEE.
Cfr. Luc MICHEL (dir.3), n° spécial de la Revue CONSCIENCE EUROPEENNE, « La guerre économique Europe-USA », n° 19, août 1987 Charleroi et Bruxelles).
(5) Le PCN, dès le début des Années 80, faisait campagne avec Jean Thiriart, pour l'entrée immédiate de la Turquie dans l'Union Européenne (alors CEE).
En 1987, nous lancions une campagne pour l'adhésion immédiate de la Turquie à la Communauté européenne, précisant les Communautaristes européens voulaient une "Grande Europe élargie aux deux rives de la Méditerranée".
Notre position était alors bien isolée. Elle a fait du chemin depuis.
Cfr. Jean THIRIART, « La Turquie, la Méditerranée et l'Europe » et Luc MICHEL, « La Turquie, Province d'Europe », in LA TURQUIE, PROVINCE D'EUROPE, N° Spécial : La Méditerranée, la Turquie et l'intégration européenne, revue CONSCIENCE EUROPÉENNE – n° 18 – juillet 1987.
Extrait sur :
http://www.pcn-ncp.com/pub/ofturquie1.htm
(6) Dans ce dossier là aussi, le Thiriart des Années ’60 annonçait celui de l’Ecole euro-soviétique :
« En 1964, le problème politique-historique se pose de la manière suivante : les Turcs contrôlent l’accès à la Méditerranée orientale, l’Europe doit contrôler cette mer, donc les Turcs sont Européens. Il reviendra aux moralistes, aux écrivains, aux historiens, dans un mot aux intellectuels d’ajouter à mes considérations réalistes les ornements habituellement demandés » (Jean THIRIART – 1964).
« L’Europe a besoin de la Turquie, pas seulement pour sa très grande importance stratégique, mais surtout parce que la Turquie est en premier lieu une province de notre Europe » (LA NATION EUROPEENNE – 1967).
« Le Bosphore constitue le centre de gravité d’un Empire qui dans un sens va de Vladivostok aux Açores et qui dans l’autre va de l’Islande au Pakistan. Istanbul est le centre de gravité géopolitique d’un Empire euro-soviétique » (Jean THIRIART – 1983).
« Les Dardanelles– rappelait THIRIART – constituent un lieu stratégique pour l’Europe (…) La Turquie est une province de la Grande Europe. Donc, les campagnes de presse turcophobes non seulement sont de très mauvais goût, mais elles sont idiotie politique. Certes, il y a le problème des immigrés turcs dans les communes de Bruxelles. Mais c’est un problème social. Les auteurs des campagnes de presse susdites se révèlent des politiciens de sous-préfecture, ils se pavoisent du titre d’ « Européens » sans même savoir ce qu’est l’Europe (…) Il faut condamner avec une extrême sévérité toute la littérature nationaliste allemande anti-italienne et toute la littérature nationaliste belge anti-turcs. Il s’agit de sentimentalisme et de xénophobie dangereux pour l’unité politique de l’Europe (…) L’Europe contiendra des Turcs, des Maltais, des Siciliens, des Andalous, des Tatars de Crimée – il en reste –, des Afghans. Pour le simple fait que l’Europe ne pourra pas exister de manière vivable sans posséder et contrôler les territoires habités par ces peuples » (Jean THIRIART, 106 QUESTIONS SUR L’EUROPE, Entretiens avec Bernardo-Gil Mugarza, Editions Machiavel, Charleroi, 1983).
(7) THIRIART ajoutait qu’ « Il est évident que la construction de l'Empire euro-soviétique doit se faire dans un cadre politique pur et que cette construction exige impérativement l'éradication impitoyable d'un quelconque racisme anti-turc, anti-arabe. C'est l'anti-racisme POUR RAISON D'ETAT. Dans la construction grande-européenne, celle de l'Empire euro-soviétique, le racisme constitue une atteinte à la Sûreté de l'Etat. Pour Luc MICHEL, tout comme pour moi, la géopolitique est le départ du raisonnement logique de la construction d'un Etat-Nation et pas un simple argument de rhétorique pédante. Nous sommes anti-racistes pour des raisons de lucidité politique et non pas publicitaire comme chez les exhibitionnistes pathologiques de la LICRA et autres furieux (…) Le racisme anti-turc, le racisme anti-arabe, nous les condamnons dans la condition essentielle et primordiale de turcs laïcs et d'arabes laïcs. Luc MICHEL et moi-même n'avons aucune tendresse pour l'Islamisme, aucune indulgence ou patience, pourrait-on dire » (Jean THIRIART, « La Turquie, la Méditerranée et l'Europe », in CONSCIENCE EUROPEENNE, n° 18, juillet 1987).
(8) La radio russe LA VOIX DE LA RUSSIE présentait en décembre 2013 le ‘parcours libyen’ de Luc MICHEL :
« Luc MICHEL, grand spécialiste de la géopolitique et notamment de la Libye (on lui doit notamment une GEOPOLITIQUE DE LA JAMAHIRYA LIBYENNE).
Organisateur et homme d’action, il est aussi le créateur dans toute l’Europe dès la mi-février 2011 des Comités ELAC / Euro-Libyan Action Committees et en juin 2011 de leur pendant africain, les Comités ALAC / Afro-Libyan Action Committees (avec le tchadien Djim Ley-Ngardigal), organisation de soutien à la Jamahiriya qui continue toujours le combat. En avril 2011, il a organisé avec le Ministère libyen des affaires étrangères, la Libyan National Youth Organisation et ELAC la seule conférence internationale – euro-afro-arabe – de soutien à la Jamahirya « Hands off Libya », à Tripoli sous les bombes de l’OTAN.
Il a aussi exercé des fonctions dirigeantes pour la Jamahiriya. A partir de 2004, il dirige le Réseau pan-européen du Mouvement mondial des Comités Révolutionnaires libyens (le MCR, colonne vertébrale de la Jamahiriya), le MEDD-MCR (Mouvement Européen pour la Démocratie Directe, la seule organisation du MCR restée active après 2011, et dont le secrétaire-général est Fabrice Beaur). En avril 2011, il est nommé par Tripoli président de la « Commission internationale du forum des Associations contre la guerre en Libye » et est chargé de la coordination du combat pour la Jamahiriya en Europe et en Afrique. Il est aussi l’éditeur du ELAC & ALAC Website.
Luc MICHEL est donc à la fois un analyste de la Libye mais aussi un grand témoin de l’agression contre la Jamahirya, qu’il a vécue de l’intérieur, et un acteur de sa défense. »
(9) Cfr. Kornel SAWINSKI « Znaczenie Libii w geopolitycznych koncepcjach Nacjonal-Europejskiej Partii Komunitarnej (PCN) » (La Libye dans les concepts géopolitiques du PCN), communication au « 3e Congrès des Géopoliticiens polonais » – III Zjazd Geopolityków Polskich –, organisé à Wroclaw (Pologne, 21 et 22 octobre 2010),
Voir sur :
http://www.elac-committees.org/2013/02/18/pcn-spo-znaczenie-libii-w-geopolitycznych-koncepcjach-nacjonal-europejskiej-partii-komunitarnej-pcn/
En pdf sur http://ceredd.free.fr/accueil.htm
(10) Cfr. aussi Luc MICHEL, « VISIONARY AFRICA », DIALOGUE DES CULTURES ET COOPERATION ENTRE LES UNIONS EUROPEENNE ET AFRICAINE !, in LIBYA NEWS & FACTS, bulletin du CEREDD, N° 2.150, 10 octobre 2010,
En Pdf sur : http://ceredd.free.fr/accueil.htm
(11) Encart publicitaire de l’OTAN « La stratégie de l’OTAN vise le maintien de la paix par la dissuassion », in LE DRAPEAU ROUGE, quotidien du Parti Communiste Belge (PCB), Bruxelles, 27 mai 1987 ;
Pierre BAUVOIS, président du PCB,Réponse aux lecteurs (indignés par la publicité de l’OTAN) « La suppression brutale de toute armée, dont la nôtre, n’a jamais été de nos revendications », in LE DRAPEAU ROUGE, quotidien du Parti Communiste Belge, Bruxelles, 29 mai 1987 ;
« Les Communistes de Washington. Suite », in CONSCIENCE EUROPÉENNE, n° 20, septembre 1987 ;
Lire également sur la dérive atlantiste du PCB :
Luc MICHEL, José CUADRADO COSTA, Boris ALEXINSKI et Karel HUYBRECHTS, LES COMMUNISTES DE WASHINGTON – L'AILE GAUCHE DU "PARTI AMÉRICAIN" EN EUROPE, n° spécial de la revue CONSCIENCE EUROPÉENNE, n° 13, 1986.
(12) QUI MENACE LA PAIX ? DEMAIN LA TROISIÈME GUERRE MONDIALE ?, n° spécial de la revue CONSCIENCE EUROPÉENNE, n° 10, novembre 1984.
(13) ЗАВТРА ЛИ ТРЕТЬЯ МИРОВАЯ ВОЙНА ? КТО УГРОЖАЕТ МИРУ ?, n° spécial en langue russe de la revue CONSCIENCE EUROPÉENNE, n° spécial, décembre 1984.
(14) José CUADRADO COSTA, Luc MICHEL et Jean THIRIART, "TEXTES EURO-SOVIETIQUES", opus cit.
(15) Vsevolod KNIAJINSKI, L'INTEGRATION OUEST-EUROPEENNE : POLITIQUE ET RELALIONS INTERNATIONALES, Editions du Progrès, Moscou, 1986.
(16) Андрей СЕМЕНОВ, « Не стареют душой ветераны. Бельгийский гость призавал
россиян к борьбе с американским империализмом и международным сионизмом. », NEZAVISIMAYA GAZETA » (Journal Indépendant), Moscou, 28.08.92.
(Andreï SEMENOV, « L'âme des vétérans ne vieillit pas. L'invité belge a appelé les Russes à la lutte contre l'impérialisme américain et le sionisme international », НЕЗАВИСИМАЯ ГАЗЕТА, Moscou, 28.08.92.)
Et le n° spécial « Opposition patriotique russe », PCN INFO, bulletin de contact du PCN Wallonie-Bruxelles, n° 3, janvier 1996.
(17) L’Europe ne se limite pas à l’Union européenne ! Ni même aux états qui lui sont maintenant associés, comme la Moldavie ou la Serbie. La Russie, qui a retrouvé son indépendance avec Vladimir Poutine est aussi l’Europe ! Une SECONDE EUROPE, une AUTRE EUROPE eurasiatique se dresse désormais à Moscou face à l’Europe atlantiste de Bruxelles.
Cfr. Luc MICHEL, EODE THINK TANK/ GEOPOLITIQUE / THESES SUR LA « SECONDE EUROPE » UNIFIEE PAR MOSCOU,
sur https://www.eode.org/eode-think-tank-geopolitique-theses-sur-la-seconde-europe-unifiee-par-moscou/
NOTES
* « PCN … européen jusque Vladivostok »
(Interview de Luc MICHEL par LE PEUPLE, Bruxelles, 14 et 15 septembre 1985).
* « Le parti des adhérents de M. THIRIART c’est quelque chose dans le genre de l’Internationale de Marx (…) », (A. IVANOV dans ROUSSKI VESTNIK, septembre 1992).
* « Et puis il y a le Belge, le militant Luc Michel, avec qui tout a commencé. Lui, avec l'idéologue Jean Thiriart (…) avec l'organisation des élections, a façonné les instruments de la reconquête de l'empire soviétique et a créé un espace, de Lisbonne à Vladivostok » (De Morhen, novembre 2022).
* « Je défends la Russie depuis les années 1980 et je la considère comme la dernière force anti-américaine restante en Europe. Je me souviens de l’Union soviétique avec nostalgie. Je veux un monde libre sans Amérique » (Luc Michel, interview à la BBC, février 2023).
* En 2024, le PCN aura 40 ans. Le PCN est l’héritier direct du « Parti Communataire Européen » (1965-1970) du géopoliticien Jean Thiriart. Le PCN est le noyau central de nos réseaux, « la Maison-mére » disent nos militants. « La Longue Marche du PCN » (l’expression est du grand hebdo belge TéléMoustique en 1993), commencée en Belgique en 1984, c’est quarante ans de combats incessants sur quatre continents (Union Européenne, URSS, Yougoslavie, Espace Postsoviétique, Jamahiriya libiyenne, Syrie, Afrique, Québec,USA) …
Parti Communautaire Néoeurasien, PCN,
Neoeurasian Communitarian Party, PCN-NCP,
Неоевразийская Общественная Партия, PCN- НОП,
Neo Avrasyali Komunotarist Partisi, PCN-NAKP,
Partidul Coeunitar Neoeurasian, PCN …
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