Poutine: il est « impossible d’isoler la Russie », a déclaré Poutine lors d’un forum économique à Vladivostok (Extrême-Orient russe).
Il est « impossible » pour les pays occidentaux d’isoler la Russie en dépit des sanctions contre Moscou qui représentent une « menace pour le monde entier », selon Poutine qui a également démenti utiliser l’énergie comme arme de guerre.
Luc Michel, géopoliticien, nous donne plus d'explications.
A VLADIVOSTOK, VLADIMIR POUTINE FUSTIGE L’EUROPE ET LE MONDE DE BON MATIN
Il parle peu, mais quand il parle, on en entend parler. Ce mercredi matin, lors d’un forum économique tourné vers l’Asie à Vladivostok, Vladimir Poutine a pris la parole pour, comme à son habitude, menacer à tour de bras les Ukrainiens et les Occidentaux. Le président russe a dénoncé « le refus obstiné des élites occidentales de voir les faits » et « la domination insaisissable des Etats-Unis ».
La raison ? Une nouvelle série de sanctions lancées par les alliés de l’Ukraine à son encontre. Petit tour d’horizon des contrariétés matinales du chef du Kremlin, définitivement irascible à l’heure du café.
UNE MISSIVE POUR LES OCCIDENTAUX
Il est « impossible » pour les pays occidentaux d’isoler la Russie en dépit des sanctions contre Moscou qui représentent une « menace pour le monde entier », a déclaré mercredi le président russe Vladimir Poutine.
« Peu importe combien certains voudraient isoler la Russie, il est impossible de le faire », a lancé Poutine lors de ce forum économique tourné vers l’Asie. La pandémie de nouveau coronavirus « a été remplacée par de nouveaux défis d’ordre global, qui menacent le monde entier. Je veux parler de la fièvre de sanctions de l’Occident », a-t-il ajouté.
UNE AUTRE POUR L’UKRAINE
Le président russe a également affirmé mercredi que les exportations de céréales ukrainiennes allaient majoritairement vers les pays européens et non pas vers les pays pauvres, ce qui pose un risque de « catastrophe humanitaire ». « Presque toutes les céréales exportées d’Ukraine sont envoyées non pas aux pays en développement et aux pays les plus pauvres, mais aux pays de l’Union européenne », a déclaré Vladimir Poutine.
UN SCUD SUR LE GAZ
Mercredi, Vladimir Poutine a tenu à être clair : la Russie ne livrera plus de pétrole ou de gaz aux pays qui plafonneraient les prix des hydrocarbures vendus par Moscou. Plafonner les prix des hydrocarbures russes serait « une décision absolument stupide », « une bêtise », a lancé le président russe. « Si les pays européens veulent renoncer à leurs avantages compétitifs, c’est à eux de décider », a-t-il prévenu. Mais « nous ne livrerons rien du tout si c’est contraire à nos intérêts, en l’occurrence économiques. Ni gaz, ni pétrole, ni charbon (…). Rien », a-t-il ajouté, le ton ferme.
« Nous ne fournirons rien en dehors du cadre des contrats » signés avec les pays importateurs, a encore affirmé Vladimir Poutine devant plusieurs dirigeants économiques russes et asiatiques, fustigeant « ceux qui essaient de nous dicter leur propre volonté ».
« Ils disent que la Russie utilise l’énergie comme une arme. Encore un non-sens ! », a-t-il également lancé. Moscou se défend notamment en arguant que les sanctions à son encontre pour son offensive en Ukraine ont provoqué une pénurie de pièces de rechange qui menace l’intégrité de Nord Stream. « Donnez-nous une turbine et demain nous relancerons Nord Stream », a lancé le président russe à l’adresse des Européens. « Nous sommes prêts à (reprendre les exportations) demain. Tout ce que vous avez à faire est d’appuyer sur un bouton », a-t-il enfin affirmé, rappelant que ce n’était pas la Russie qui avait « imposé des sanctions ».
UN TACLE SUR L’INFLATION
Vladimir Poutine a estimé que le « pic » des difficultés économiques causées en Russie par les sanctions occidentales, prises à la suite de l’offensive en Ukraine, était « passé », malgré des « problèmes » logistiques dans certains secteurs. « La situation se normalise », s’est félicité le président russe avant d’ajouter : « cela se traduit par (une amélioration) des indicateurs macroéconomiques », avec notamment « un taux de chômage au plus bas, à 3,9 % » et « une inflation en baisse ».
Vladimir Poutine en a profité pour égratigner une nouvelle fois ses adversaires : « la Russie est peut-être le seul pays capable d’être autosuffisant en ressources naturelles », au moment où « un à un, les emplois et les entreprises disparaissent en Europe. » Les prix, déjà en hausse en Russie en raison de la reprise post-pandémie et de la flambée des prix des matières premières, avaient connu un embrasement à la suite de l’imposition de sanctions à la Russie. En juillet, l’inflation enregistrée en Russie avait été de 15,1 % sur un an, selon l’agence de statistiques Rosstat.
MAIS TOUJOURS UN MOT DOUX POUR LES ALLIES
Le patron du Kremlin a cependant salué le « rôle croissant » de la région Asie Pacifique dans les affaires du monde, à l’opposé d’un Occident qu’il a dépeint comme sur le déclin. « Le rôle des pays de la région Asie Pacifique a connu une forte croissance », a déclaré Vladimir Poutine lors de ce forum à Vladivostok (Extrême-Orient russe), lors duquel il devait s’entretenir avec des dirigeants et hauts responsables asiatiques.
LES OCCIDENTAUX « DISENT QUE LA RUSSIE UTILISE L’ENERGIE COMME UNE ARME. ENCORE UN NON-SENS!
Quelle arme utilisons-nous? Nous fournissons autant que nécessaire selon les demandes faites » par les pays importateurs, a déclaré Poutine lors d’un forum économique à Vladivostok (Extrême-Orient russe) quelques jours après l’arrêt des livraisons de gaz russe via le gazoduc Nord Stream. « Donnez-nous une turbine et demain nous relancerons Nord Stream« , a lancé le président russe devant des dirigeants économiques et politiques asiatiques.
Le géant russe Gazprom avait indiqué vendredi que le gazoduc Nord Stream reliant la Russie à l’Allemagne, qui devait reprendre du service samedi après une brève interruption pour des opérations de maintenance, serait finalement « complètement » arrêté jusqu’à la réparation d’une turbine, sans préciser de délai. Cette annonce avait renforcé les craintes des pays européens d’une coupure totale du gaz russe vers le continent, à l’approche de l’hiver et sur fond d’inflation galopante des prix de l’énergie.
L’Union européenne accuse Moscou d’utiliser les livraisons de gaz comme un moyen de pression dans le contexte du conflit en Ukraine. Moscou affirme pour sa part que les sanctions à son encontre pour son offensive en Ukraine ont provoqué une pénurie de pièces de rechange qui menace l’intégrité de Nord Stream. « Nous sommes prêts à (reprendre les exportations via Nord Stream) demain. Tout ce que vous avez à faire est d’appuyer sur un bouton », a-t-il lancé à l’adresse des Européens, rappelant que ce n’était pas la Russie qui avait « imposé des sanctions ». Mais « nous nous sommes enfoncés dans une impasse à cause des sanctions » occidentales en représailles à l’offensive russe en Ukraine, a-t-il encore regretté.
INTERROGE EN OUTRE SUR UN POTENTIEL PLAFONNEMENT DES PRIX DU GAZ RUSSE PAR LES EUROPEENS, VLADIMIR POUTINE A FUSTIGE « UNE BETISE« .
« Encore une solution hors marché sans perspectives« , a-t-il déploré. « Si les pays européens veulent renoncer à leurs avantages compétitifs, c’est à eux de décider« , a prévenu M. Poutine.
La Russie « n’a rien perdu et ne perdrait rien »
« Peu importe combien certains voudraient isoler la Russie, il est impossible de le faire« , a lancé M. Poutine lors d’un forum économique tourné vers l’Asie à Vladivostok (Extrême-Orient russe). La pandémie de nouveau coronavirus « a été remplacée par de nouveaux défis d’ordre global, qui menacent le monde entier. Je veux parler de la fièvre de sanctions de l’Occident », a-t-il ajouté.
Le président russe a dénoncé « le refus obstiné des élites occidentales de voir les faits » et « la domination insaisissable des Etats-Unis » dans la mise en place de lourdes sanctions contre la Russie suite à l’offensive menée en Ukraine depuis fin février. « Des changements irréversibles se sont produits dans tout le système des relations internationales », a-t-il noté. Malgré une pluie de sanctions occidentales, M. Poutine a affirmé que la Russie « n’a rien perdu et ne perdrait rien ». « Il y a une certaine polarisation en cours, mais je pense que ça ne sera que bénéfique », a-t-il ajouté.
« LE ROLE CROISSANT » DE LA REGION ASIE-PACIFIQUE
Devant de nombreux dirigeants économiques et politiques asiatiques, notamment chinois, il a aussi salué « le rôle croissant » de la région Asie-Pacifique dans les affaires du monde, à l’opposé d’un Occident qu’il a dépeint comme sur le déclin, miné notamment par l' »inflation ». Face à « l’agression technologique, financière et économique de l’Occident », le président russe a dit se réjouir de « l’éloignement petit à petit » de l’économie russe du dollar, de l’euro et de la livre sterling, « des devises pas fiables », vers notamment le yuan chinois.
Mardi, le géant gazier russe Gazprom, entreprise d’Etat, avait annoncé que la Chine paierait dorénavant ses contrats en roubles et en yuans, au lieu du dollar, nouveau signe de rapprochement entre Moscou et Pékin sur fond de tensions avec l’Occident. « La majorité absolue des Etats d’Asie-Pacifique n’accepte pas la logique destructrice des sanctions« , s’est encore satisfait M. Poutine. « Un partenariat créatif ouvrira de nouvelles opportunités gigantesques pour nos peuples », a-t-il affirmé dans son discours.
"L'OCCIDENT NOUS A TROMPE": VLADIMIR POUTINE ACCUSE L'EUROPE DE MONOPOLISER LES CEREALES UKRAINIENNES
L'exportation des céréales ukrainiennes a repris. Mais, d'après Vladimir Poutine, les pays pauvres n'en profitent pas. Le président russe Vladimir Poutine a affirmé ce mercredi que les exportations de céréales ukrainiennes allaient majoritairement vers les pays européens et non pas vers les pays pauvres, ce qui pose selon lui un risque de "catastrophe humanitaire".
"Presque toutes les céréales exportées d'Ukraine sont envoyées non pas aux pays en développement et aux pays les plus pauvres, mais aux pays de l'Union européenne", a fustigé M. Poutine lors d'un forum économique à Vladivostok (Extrême-Orient russe). "Ce que nous observons est une tromperie (…), une attitude grossière et imprudente envers ces partenaires pour qui tout cela était censé être fait."
Le président russe a dénoncé une attitude "colonialiste" de la part des pays occidentaux, et notamment de l'Union européenne, qui "pensent d'abord à (leur) propre peau, à (leurs) propres intérêts". "Ils s'en fichent!", a-t-il lâché.
POUTINE CRAINT LA "CATASTROPHE HUMANITAIRE"
"Regardez le compte: 80 navires, et deux seulement vers les pays en développement, soit 3% uniquement", a fustigé M. Poutine dans son discours, indiquant "avoir parlé avec un dirigeant européen" de ce sujet "il y a un mois". "Mais la quantité de céréales envoyée aux pays en développement n'augmente toujours pas. Cela pourrait mener à une catastrophe humanitaire sans précédent".
"Peut-être devrions-nous réfléchir à la façon de limiter les exportations de céréales et d'autres produits alimentaires par cette voie?Je vais consulter le président turc (Recep Tayyip) Erdogan", qui a parrainé un accord à Istanbul permettant l'exportation des céréales ukrainiennes, a-t-il ajouté.
Ces déclarations interviennent alors que des inquiétudes persistent sur la sécurité alimentaire mondiale qui a été impactée par les retombées du conflit en Ukraine.
"TROMPES"
L'accord d'Istanbul a permis la reprise des exportations de céréales ukrainiennes, mais la Russie se plaint depuis plusieurs semaines d'entraves à ses propres exportations alimentaires à cause des sanctions occidentales.
"La situation évolue dans la bonne direction, mais certaines restrictions subsistent", tirant les prix "à la hausse", a déploré Vladimir Poutine. "J'espère que les choses vont changer d'une manière ou d'une autre", a-t-il dit, appelant à "inverser cette situation". "Nous poursuivrons notre travail dans l'espoir que les objectifs pour lesquels tout cela a été organisé seront tout de même atteints".
Selon lui, les Européens ont usé du "prétexte" d'une "famine" potentielle dans de nombreuses régions du monde si les céréales ukrainiennes ne pouvaient pas être exportées rapidement pour finalement les récupérer chez eux.
"Il s'est avéré que (l'Occident) nous a une nouvelle fois trompés, nous, mais aussi les pays les plus pauvres", a-t-il lancé.
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